Livres
C'est le cas par exemple de Jean-Michel Truong, un expert en intelligence artificielle, consultant aussi pour des expériences de transfert de technologies vers des pays comme l'Inde et la Chine où il a résidé durant la décennie 90. Il est l'auteur, dès 1983, de « Reproduction interdite », un roman sur le clonage humain, puis du « Successeur de pierre » ainsi que de l'essai « Totalement inhumaine », des ouvrages dans lesquels il met en lumière ce qui achoppe dans le domaine des sciences ainsi que dans l'évolution de nos mentalités et de nos sociétés.
C'est encore le cas pour « Eternity Express » (1), un roman aux frontières de la science-fiction et de la philosophie.
Cela commence pourtant de manière idyllique avec les adieux, sur un quai de gare, d'hommes et de femmes qui ont acheté très cher le droit de finir leur vie dans un endroit de rêve, une ville construite de toutes pièces au fin fond de la Chine. A la différence près que ces vieilles personnes n'ont pas eu le choix puisque, sous les effets conjugués de la démographie et de l'économie occidentale ruinée par la net économie, certains pays ont adopté une loi de « délocalisation du troisième âge » ; et très vite on n'a plus aucune doute sur l'issue fatale du convoi.
Interpellé sur les tristes souvenirs historiques que cela pouvait évoquer le narrateur, un médecin qui a participé activement à la mise en place de ce système et a eu par exemple l'idée de remettre en marche un haut-fourneau désaffecté capable de brûler en une heure huit cents corps - la capacité de chacun des trains qui se succédaient d'heure en heure à destination - a répondu que non, cela il ne le craignait pas : « Les hommes, c'était bien connu, avaient la mémoire courte, et plus encore ceux de cette génération, génération temps réel, submergée par des flots d'indices dont elle ne percevait pas le sens, assise sur des montagnes d'informations dont elle avait perdu la signification... »
(dr)
C'est aussi le cas de
Thomas Abercorn, qui, après « la Protéine du diable », un thriller sur les OGM tueurs, récidive avec
« Macaques Attack »(2), un thriller sur le terrorisme biologique et, plus particulièrement, génétique.
Partant d'un fait divers réel faisant état, en avril 2002, de singes devenus fous au Japon, il décrit comment les macaques du parc national proche de la ville japonaise de Nikko ont envahi la cité et sont devenus - intelligemment - dangereux. La question du livre étant de savoir si le changement de comportement des animaux est naturel, ou bien provoqué, et dans ce cas, par qui ou par quoi et dans quel but. Les zoologistes nippons les plus distingués sont sur le pied de guerre mais c'est évidemment un Américain qui est appelé à la rescousse ; une idée peut-être pas aussi bonne qu'il y paraissait.
L'intrigue du roman n'est pas le seul intérêt de cette publication ; car on s'interroge également sur l'identité réelle de l'auteur, le nom de Thomas Abercorn n'étant qu'un pseudonyme. Le bruit court que celui qui qualifie les milieux scientifiques de « super-KGB » serait non un Américain mais un Français familier des Etats-Unis. Les noms d'Etienne-Emile Beaulieu, de Joël de Rosnay ou d'Yves Paccalet étant avancés - dans le désordre évidemment !
S'il en est un qui ne se cache pas, c'est bien
Martin Winckler, médecin généraliste engagé - il a collaboré à la revue « Prescrire » ainsi qu'à « Que Choisir Santé » - et auteur, entre autres, du fameux « la Maladie de Sachs » mais aussi d'un roman policier à succès, « Touche pas à mes deux seins ».
Son engagement, son renom et son goût pour le roman noir l'ont conduit à inaugurer une nouvelle collection lancée par les éditions Fleuve Noir et la Mutualité Française, Polar Santé, qui a pour ambition de faire des grandes questions de santé le ressort même de l'intrigue, afin de répondre, à travers le plaisir de la lecture, à la demande d'informations du public.
C'est ainsi qu'est né
« Mort in vitro »(3), où l'on retrouve le Dr Charly Lhombre et le juge Jean Watteau, héros désormais récurrents, en passe de démêler de sombres affaires de décès. Ceux de femmes enceintes qui ont toutes reçu, en traitement contre la stérilité, un médicament utilisé théoriquement uniquement en milieu hospitalier ; mais qui est commercialisé dans les cabinets sous un autre nom et sous une autre indication par une filiale du laboratoire fabricant - l'autorisation de mise sur le marché ayant été accordée deux fois grâce à une série de malversations.
Nourri d'informations très précises mais un tantinet didactique, l'ouvrage se lit avec plaisir si l'on n'oublie pas qu'il s'agit d'un roman.
En 1995, un ouvrage signé Gene Brewer et intitulé « K-Pax » racontait l'arrivée au Manhattan Psychiatric Institute de Prot, un individu prétendant venir d'une lointaine planète. Mi-conte philosophique, mi-roman à suspense, le livre - qui a été traduit dans seize pays et est considéré aujourd'hui comme un livre culte - était organisé autour de seize séances de psychanalyse avec le docteur Brewer, directeur de l'Institut, qui tentait de déterminer si Prot n'était pas plutôt Robert Porter, un homme souffrant d'un syndrome de dédoublement de la personnalité.
Après cinq années de mutisme, le plus célèbre patient du MPI est sorti de sa léthargie et
« K-Pax 2 »(4), sous-titré « Sur un rai de lumière », se déroule autour de seize nouvelles séances entre le Dr Brewer et cet être qui prétend être originaire de K-Pax, un astre idyllique situé à 7 000 années-lumière de la Terre et se déplacer dans l'espace sur un rai de lumière, qui possède aussi des connaissances en astrophysique qui sidèrent les scientifiques. Cette fois, l'enjeu est plus que médical ou intellectuel, car Prot a annoncé qu'il compte prochainement regagner son lointain éden, en emmenant avec lui cent pensionnaires de l'Institut.
Gene Brewer est chercheur en biologie moléculaire, spécialiste de l'ADN.
Signé du jeune romancier anglais Mark Burnell,
« Caméléon »(5) est moins dans un thriller scientifique que politico-industriel mais il retient l'attention par la personnalité de son héroïne qui change d'identité comme le caméléon change de peau et se transforme de banale jeune femme en tueur à gages impitoyable.
Ce roman est la suite de « Métamorphoses de la vengeance », un ouvrage vendu dans neuf pays et prochainement adapté au cinéma, et il permet de retrouver Petra Reuter, alias Stéphanie Patrick, contrainte d'accomplir pour les services secrets anglais une dernière mission : démanteler un réseau de terrorisme biologique dirigé par quelqu'un qui se cache derrière le pseudo russe de « Koba ». De Londres à New York, Zurich, Francfort et Moscou, sa traque la mènera au plus près de ce qu'elle n'attendait pas : l'amour, avant le drame évidemment.
(1) Editions Albin Michel, 300 p., 19,50 euros.
(2) Editions de l'Archipel, 275 p., 17,95 euros.
(3) Editions Fleuve Noir/Mutualité Française, 186 p., 15 euros.
(4) Editions de l'Archipel, 279 p., 18,50 euros.
(5)Editions Robert Laffont, 424 p., 21 euros.
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