E N préparation de ce colloque, dont l'objectif est de démystifier, de « déstigmatiser » l'image de la schizophrénie, il a paru nécessaire aux organisateurs de s'interroger sur l'image publique véhiculée par cette maladie à la fois dans la population générale, dans les médias et chez les sujets concernés : dans la population, par la réalisation d'un micro-trottoir ; dans la presse, par l'étude de l'utilisation, sur deux ans (de 1998 à 2000), du terme « schizophrène » dans le journal « le Monde » ; et au sein des intéressés, par le dépouillement d'un questionnaire conçu sur le principe simple de confronter aux mêmes questions les patients, leurs familles et les professionnels de santé, et qui aborde les grands thèmes (diagnostic, annonce de la maladie, traitement, etc.) en termes de représentation et de compréhension de la maladie schizophrénique.
Un terme parfois utilisé de façon inappropriée
Les données recueillies ont montré le manque de connaissance et d'information sur la schizophrénie dans le public, et une tendance à utiliser le terme « schizophrène » de façon inappropriée, souvent de façon péjorative.
La schizophrénie est une maladie dont la symptomatologie et l'évolution sont hétérogènes. Une dépression atypique, des crises d'anxiété, une confusion mentale, des difficultés intellectuelles peuvent masquer, annoncer ou faire partie du début de la psychose.
La clef de voûte
Quand peut-on parler de schizophrénie ? Cette zone où les frontières sont difficiles à établir fait l'objet de nombreuses investigations destinées à identifier des indicateurs de vulnérabilité individuels et à définir des critères de dépistage avant même l'apparition d'une symptomatologie caractéristique.
Aujourd'hui, le dépistage et le traitement précoces des premières manifestations de graves troubles mentaux, souvent compliqués par diverses comorbidités, constituent la clef de voûte des stratégies thérapeutiques, souligne le Dr Luigi Grosso (Hôtel-Dieu, Paris).
Une question particulièrement importante se pose : quand et comment annoncer le diagnostic ?
Pour le Dr Jean-Paul Chabannes (centre hospitalier Saint-Egrève, secteur 38G07, Saint-Egrève), dans la relation médecin-malade qui est devenue une relation contractuelle, un partenariat, « l'annonce du diagnostic apparaît comme un point crucial de la nouvelle donne ». Il y a un intérêt pour le patient à ne pas rester dans un « non-dit » qui pourrait nuire à sa prise en charge ; en revanche, « la seule annonce du diagnostic ne peut pas être en soi un objectif thérapeutique ; elle doit s'inscrire dans une dynamique beaucoup plus large qui s'inscrit elle-même dans une démarche classique d'assistance aux patients ».
Colloque « Vivre la schizophrénie ». Conférence de presse « Nervure ».
Les acteurs
L'originalité de ce colloque vient en premier des organisateurs qui, à parts égales, ont travaillé sur le projet :
- la Fédération nationale des associations d'(ex)-patients en psychiatrie (FNAP Psy) ;
- l'Union des amis et des familles de malades mentaux (UNAFAM) ;
- la revue « Santé mentale », le mensuel des équipes soignantes en psychiatrie ;
- l'agence Carco, conseil en communication médicale ;
- « Nervure », journal de psychiatrie, revue destinée aux médecins psychiatres.
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