L’exemple est parlant : lorsque quelqu’un se lève de son siège dans le métro, ce peut être parce qu’il veut sortir au prochain arrêt ou parce qu’il veut céder sa place. Reconnaître les intentions d’autrui est une habileté fondamentale pour vivre en communauté.
Pour y parvenir, comme l’ont déjà proposé les chercheurs toulousains et lyonnais, il faut disposer de deux types d’information : d’une part, l’information visuelle (observation des mouvements d’autrui) et, d’autre part, des « informations a priori », issues de nos connaissances et expériences passées et emmagasinées par notre cerveau.
Les chercheurs (CNRS, Toulouse et Lyon) ont fait l’hypothèse que ces deux types d’informations sont mal utilisées chez les patients schizophrènes, ce qui expliquerait pourquoi ils ont du mal à reconnaître les intentions d’autrui. Ils l’ont testée sur des patients présentant divers symptômes de la schizophrénie : négatifs (perte d’intérêt, retrait social), positifs (hallucinations, délires) ou de désorganisation (discours incohérent, phénomène du coq à l’âne).
Les patients visionnaient d’abord des vidéos montrant des acteurs manipulant des objets avec diverses intentions. Certaines étaient montrées plus fréquemment afin de manipuler l’information a priori. Ensuite, les patients visionnaient à nouveau les séquences, mais cette fois ces séquences étaient tronquées. Les patients devaient deviner les intentions des acteurs.
Il est alors apparu que les patients schizophrènes présentent une mauvaise utilisation des informations a priori. Les patients aux symptômes négatifs sous-utilisent ces données issues de l’expérience, comme s’ils n’avaient aucune expectative sur les intentions d’autrui. À l’inverse, ceux présentant des symptômes positifs ou désorganisés sur-utilisent les informations a priori au détriment de l’information visuelle. Dans tous les cas, un déséquilibre dans l’interaction entre l’information visuelle et l’information a priori conduit à des erreurs d’interprétation sur les intentions d’autrui.
« Ces résultats pourraient être à la base de nouvelles stratégies de thérapie cognitive permettant au patient d’améliorer son aptitude à utiliser son expérience et de diminuer ses difficultés à reconnaître les intentions d’autrui, symptôme sur lequel les traitements pharmacologiques n’agissent pas. De plus, ce paradigme pourrait être aussi valable pour l’autisme, maladie ayant de fortes similarités avec les symptômes négatifs de la schizophrénie », concluent les auteurs.
Chambon V. et coll. Brain en ligne, 28 novembre 2011.
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