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Scanner : les professeurs « élèves » de l'interne

Publié le 14/06/2001
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«Après un semestre d'internat en ophtalmologie, spécialité à laquelle je me destinais, j'ai souhaité faire un semestre de radiologie à la Pitié-Salpêtrière, parcours qui était classique à l'époque, se souvient Didier Buthiau (1). Ce service était équipé d'un scanner (l'un des premiers de l'AP-HP) et cette nouvelle imagerie m'a d'emblée intéressé. Mais je ne soupçonnais pas, à l'époque, l'impact qu'il aurait dans le monde médical. Je me suis rapidement initié à l'utilisation de la machine et à l'interprétation des images au cours de mon internat. J'avais comme support des livres anglo-saxons. J'ai également beaucoup appris en suivant les staffs de médecine interne, cancérologie, hématologie et chirurgie au sein de l'hôpital Pitié-Salpêtrière, et en allant au bloc opératoire. Les renseignements cliniques et les constatations chirurgicales (par exemple, carcinose péritonéale) m'ont appris à identifier certaines images.
« Cette nouvelle technique était tellement innovante que même mes collègues non radiologues se portaient volontaires pour "entrer" dans la machine. C'est ainsi qu'on a dépisté un méningiome chez l'un d'entre eux.
Mais mon plus beau souvenir de cette période, c'est l'engouement suscité par la série d'enseignements que j'avais organisée en 1983-1984. Je souhaitais initier les médecins à la lecture du scanner en conviant aussi des orateurs spécialistes en la matière. On se réunissait tous les jeudis soirs. Le succès de ces réunions fut explosif. L'amphi était plein à craquer. La plupart des patrons du CHU revenaient sur les "bancs de l'école". C'était le monde à l'envers. Moi, jeune interne, je tentais de leur servir de guide dans la lecture des images. On a distribué dix mille exemplaires du précis de protocole d'examen de scanner que j'avais fait éditer à l'époque.
L'arrivée de l'IRM a suivi de peu celle du scanner, mais l'engouement des médecins non radiologues fut peut-être un peu moindre. Ma formation à ce nouvel appareillage s'est aussi faite "sur le tas".
C'est également au CIERM à Bicêtre (site de formation et d'évaluation de l'AP-HP) que les ingénieurs aidaient les médecins à utiliser l'appareil et à interpréter les résultats. J'ai à nouveau organisé un enseignement mais, autant que les "médecins", ce sont aussi les radiologues qui remplissaient les gradins.
« Durant toutes ces années, j'ai écrit une quinzaine d'ouvrages sur ces deux techniques, dont l'avenir reste entier sans s'exclure mutuellement.
« Le scanner s'oriente vers une imagerie sophistiquée de reconstruction en 2D, en 3D, volumétrique, de navigation interne, d'évaluation anatomique
in vivo de plus en plus fine. L'IRM tend vers une amélioration de l'image anatomique, mais aussi fonctionnelle se rapprochant du rêve d'imagerie "tissulaire". »

(1) Centre d'imagerie RMX, Paris.



Dr Marie-Laure DIEGO-BOISSONNET

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6937