Plus d’un homme sur deux présente une prostate de gros volume après 50 ans et plus de 80 % après 70 ans. Cette hypertrophie dite bénigne, s’accompagne d’une gêne dans 20 % des cas et de troubles urinaires sévères dans 3% des cas. La pollakiurie nocturne et l’impériosité sont les symptômes les plus précoces et doivent servir d’alerte pour le diagnostic. « Il est facile de détecter certains troubles urinaires chez des patients de plus 50 ans avec des questions très simples posées au cours d’une consultation, par exemple « vous levez-vous souvent la nuit ? » ou « avez vous des envies pressantes d’uriner ? » explique Le Pr François Desgranchamps, chef du service d’urologie à l’hôpital Saint-Louis à Paris. Les patients n’en parlent pas forcément d’eux-mêmes car les troubles apparaissent progressivement. A ce titre, ils s’habituent en quelques sortes à leurs symptômes et peuvent également les vivre comme une fatalité. En cas de réponse positive, un toucher rectal doit impérativement être pratiqué pour éliminer une origine cancéreuse et évaluer le volume de la glande.
Ne pas hésiter à associer les traitements
La prise en charge thérapeutique de ces patients doit être envisagée uniquement en cas de symptômes gênants. Les alpha-bloquants, les inhibiteurs de la 5-alpha-réductase et la phytothérapie (Serenoa repens et Pygeum africanum). sont indiqués en première intention. Les alpha-bloquants réduisent le tonus musculaire lisse de la prostate et du col vésical. Ils sont particulièrement indiqués en cas de troubles obstructifs. Leurs principaux effets indésirables sont l’hypotension orthostatique, l’asthénie ou les vertiges. Les inhibiteurs de la 5-alpha réductase bloquent la transformation de la testostérone en dihydro-testostérone. Ils abaissent le taux d’androgènes prostatiques et permettent une diminution d’environ 30 % du volume prostatique. Les effets indésirables concernent essentiellement les troubles de la libido, de l’éjaculation et de l’érection. Quant à la phytothérapie, elle est largement utilisée pour soulager les troubles irritatifs du fait de son innocuité. « Ces différents traitements présentent une efficacité modérée qui doit inciter à associer ces principes actifs », recommande François Desgranchamps. L’association d’un alpha-bloquant à un inhibiteur de la 5-alpha réductase peut être utile, notamment chez des patients ayant une prostate de plus de 40 g et un PSA › 1,6 ng / ml comme l’ont montré les résultats de l’étude MTOPS. Une association incluant un anti-muscarinique est également efficace chez les patients ayant des troubles irritatifs marqués. Enfin, l’association d’un alpha-bloquant et d’un inhibiteur de la phospho-diestéase 5 peut être utile chez des patients associant troubles urinaires du bas appareil et dysfonction érectile.
Récemment, de nouvelles voies thérapeutiques ont été explorées : anti-inflammatoire, anti-diurétique, anti-cholinergique et toxine botulique. La toxine botulique pourrait notamment trouver sa place dans le traitement des troubles liés à l’HBP si les études cliniques confirment les premiers résultats prometteurs.
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