DE NOTRE CORRESPONDANTE
«AVEC TOUS les obstacles rencontrés, on ne va pas bouder notre plaisir: 100000patients, c'est la reconnaissance d'un service rendu à la population», se réjouit le Dr Patrick Romestaing, président du conseil de l'Ordre des médecins du Rhône, lors du bilan du fonctionnent des quatre maisons médicales de garde (MMG) créées entre 2003 et 2004 à Lyon.
Fait exceptionnel dans l'histoire de la création des MMG en France, «la ville de Lyon s'est, dès le départ, engagée financièrement sur ces projets en prenant un risque, puisqu'elle n'était absolument pas sur un de ses domaines de compétences», rappelle Sylvie Guillaume, adjointe à la santé à la ville de Lyon. L'investissement initial de la ville pour la réalisation des travaux s'est élevé à 208 000 euros et les subventions annuelles de fonctionnement sur ces deux dernières années ont atteint 60 000 euros en 2007 et 65 000 euros en 2008.
Les différentes évaluations externes ont mis en évidence la satisfaction des généralistes, du fait d'un regain d'intérêt pour la garde, notamment de la part des femmes, mais aussi des conditions d'exercices plus confortables, comme celle de la population, qui apprécie le service médical rendu. Depuis leur création, le nombre de consultations annuelles est en progression de 66 % et permettrait de réaliser «des économies substantielles», estiment également les évaluateurs, dans la mesure où 40 % des utilisateurs du service indiquent que, en l'absence des MMG, ils s'orienteraient vers un service d'urgence.
Du côté des services d'urgence en question, principalement ceux des Hospices civils de Lyon (HCL), l'impact n'a pas été mesuré, mais lesdits services l'estimeraient à 10 % et affirment réorienter 19 % de leurs consultations vers ces MMG.
L'union régionale des caisses d'assurance-maladies (URCAM) de Rhône-Alpes, qui a participé au financement de ces structures à hauteur de 2,5 millions d'euros, indique toutefois ne pas disposer de statistiques plus précises sur le désengorgement des urgences réellement obtenu. L'information ne serait pourtant pas négligeable : la Cour des comptes a rappelé en 2007 que le coût du traitement d'une demande de soins non programmés était de 48 euros en médecine de ville contre 243 euros en service hospitalier d'accueil des urgences.
Numéro d'appel européen pour les soins non urgents.
En tout état de cause, l'irruption des maisons médicales de garde dans le paysage sanitaire lyonnais, comme ailleurs en France, a provoqué un changement de l'esprit médical même : «Les MMG ont préfiguré d'une nécessité, celle du travail regroupé», explique le Dr Jean-Pierre Terrien, généraliste à Lyon et responsable de la maison du 7e arrondissement. D'aucuns affirment même que les MMG constitueraient de véritable « écoles du management » pour ceux qui se dirigent aujourd'hui vers la création de maisons pluridisciplinaires de santé.
En résumé, les MMG lyonnaises se félicitent d'une mission accomplie, y compris sur le dispositif de régulation unique en France qui a été mis en place et s'articule avec le SAMU. Reste un voeu, énoncé par Patrick Romestaing : «Obtenir que le numéro d'appel aux MMG, permettant d'en réguler l'accès et actuellement à dix chiffres, passe à quatre», comme viennent de l'obtenir les médecins de la région Franche-Comté.
Quant au président de la Fédération Rhône-Alpes des maisons médicales de garde, Jean-Jacques Duval, il va même plus loin, puisqu'il souhaiterait «créer un numéro d'appel européen dédié aux consultations médicales non urgentes», explique-t-il. Dans un courrier signé de sa main, la ministre de la Santé indique en avoir pris bonne note et demandé que cette proposition soit «examinée avec attention par les services de la Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins».
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