A GLYNDEBOURNE, on est habitué à voir quelques Ecossais portant le kilt de soirée, arborant le tartan de leur clan. Pour cette production d'ouverture, le tartan était sur scène, dans toutes ses déclinaisons, kilts, mais aussi rideaux, robes, accessoires, ad nauseum ! Pas sur les sorcières tout de même, divisées en trois groupes vocaux (selon le voeu de Verdi) et ayant pour habitat trois caravanes, habillées en prolétaires genre sixties. Beaucoup d'hémoglobine aussi, les nombreuses victimes du couple sanguinaire (aux allures de petits-bourgeois), tout comme leurs spectres, entassés dans des emballages en carton brut. Un château Ikea, des sous-sols glauques pour les assassinats et une machine à laver géante dans laquelle la pauvre lady Macbeth enfourne les gants de sa culpabilité dans sa scène de somnambulisme et d'obsession de ses mains maculées de sang.
Tout serait réuni pour faire de ce « Macbeth », de Richard Jones, décoré par Ultz, une production gadget si, dramatiquement, il n'avait pas une certaine force, grâce à une direction d'acteurs convaincante dans les moments cruciaux. Magnifique travail aussi de la chorégraphe Linda Dobell dans le ballet (puisque l'on donne une version ultracomplète hybride entre celles de Paris et de Florence), satanique à souhait, avec des créatures et des symboles diaboliques, mais aussi dans le cours de l'opéra. Le rétablissement de la mort de Macbeth, avec son air final au détriment du happy end florentin, rétablit la dimension shakespearienne du final. Mais le véritable responsable de la vitalité de ce spectacle est le chef Vladimir Jurowski qui, à la tête d'un London Philharmonic Orchestra des très grands soirs, fait scintiller la partition de tous ses feux et lui donne aussi toute la noirceur souhaitée.
Le Macbeth du baryton polonais Andrzej Dobber n'a pas le cantabile des grands barytons verdiens, mais il a une force dramatique intrinsèque qui leur manque parfois. Ses deux derniers airs étaient somptueux de violence contenue et de douleur. La Française Sylvie Valayre connaît sa lady Macbeth dont elle a les énormes moyens et l'aplomb scénique. On déplore seulement que son allure de matrone d'Europe centrale à chignon banane lui ait enlevé beaucoup de crédibilité. Superbes Banquo de Stanislav Shvets et Macduff de Peter Auty, tout comme l'est le Glyndebourne Chorus.
Glyndebourne Opera Festival : 00.44.1273.812321 et www.glyndebourne.com jusqu'au 21 juillet. Aussi au programme de la saison : « Così fan tutte », « La Cenerentola », « Passion selon saint Matthieu », « Tristan und Isolde », « The Turn of the Screw ».
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