NICOLAS SARKOZY en campagne, au chevet des chirurgiens, de l’hôpital et... du système de santé. Invité d’honneur du 108e Congrès français de la chirurgie, le président de l’UMP a saisi l’occasion pour énoncer un discours-programme sur la santé dans la lignée de la convention thématique organisée par ce parti en juin dernier.
Sur l’exercice médical et chirurgical, le diagnostic du « Dr » Sarkozy est sans appel. «Isolement professionnel», «surcharge de travail –pour vous, les 35heures, c’est généralement deux fois par semaine», «succession ininterrompue des réformes», «pesanteurs bureaucratiques», «empilement des réglementations tatillonnes et procédures kafkaïennes»... : autant de «tensions» qui créent «des conditions de travail de moins en moins conformes à vos aspirations». Le président de l’UMP n’oublie pas les «excès dans l’application du principe de précaution» dont la chirurgie serait «victime» avec des condamnations de plus en plus fréquentes .
Encadrer l’intervention du juge.
Le président de l’UMP suggère plusieurs remèdes. Face à la «judiciarisation croissante» de la pratique,il estime que l’aide accordée aux spécialités à risque (prise en charge partielle des primes par l’assurance-maladie) constitue un «premier pas». «Sans doute faudra-t-il aller plus loin, tranche- t-il. L’idée, non pas d’une limitation des indemnités versées aux malades, mais de la définition de règles de partage du fardeau financier entre les praticiens et la collectivité mérite d’être creusée.» Le cas échéant, poursuit Nicolas Sarkozy, «le législateur ne devra pas hésiter à intervenir pour encadrer l’intervention du juge dans ce domaine».
Face à la «crise des vocations» qui frappe notamment la chirurgie, il convient ensuite de poser «la question de la revalorisation des rémunérations». Nicolas Sarkozy y est «favorable» dans le cadre d’une démarche «gagnant-gagnant» :les augmentations seraient octroyées en contrepartie d’une «culture de la transparence, de l’évaluation et du résultat». D’où cette proposition, déjà avancée en juin, d’ouvrir de «nouveaux espaces de liberté tarifaire» pour les médecins acceptant «une évaluation régulière de leurs pratiques et de leur obligation de formation continue». Une liberté tarifaire «régulée» etmodulée «selon les spécialités».
Pour le probable candidat à l’élection présidentielle, le fonctionnement des hôpitaux ne peut en tout cas reposer «de manière croissante sur des praticiens étrangers au statut indéterminé et aux compétences hétérogènes». En clair, si la France doit continuer de former à la chirurgie des étudiants étrangers, « ce doit être avec l’objectif qu’ils puissent faire bénéficier de leur art les populations de leur pays d’origine». Et non pas pour «pallier les insuffisances» de notre système de santé.
Nicolas Sarkozy ne se limite pas aux maux des chirurgiens. Elargissant la portée de son discours, il a fustigé «la réforme irresponsable et désastreuse des 35heures à l’hôpital», pour laquelle il estime que les conditions d’application doivent être «complètement revues». Dénonçant pèle-mêle les règles de gestion de l’hôpital «excessivement rigides»,les systèmes d’information «défaillants» et les coûts «malmaîtrisés parce que mal connus»,il propose un renforcement de l’ «autonomie» des hôpitaux autour d’équipes de direction au service d’une «véritable politique d’établissement». Une souplesse de gestion qui concerne également les ressources humaines. Le président de l’UMP plaide pour le «desserrement de l’étau statutaire»,la diversification des modes de recrutement et même la «modulation des rémunérations en fonction de l’activité et du mérite».
Sur l’organisation du système de santé, enfin, il plaide, après d’autres responsables politiques, pour la création d’agences régionales de santé regroupant diverses structures existantes (ARH, Drass, Urcam) permettant de mieux adapter les financements des politiques de santé aux particularismes territoriaux.
Avocat inlassable de la « rupture », Nicolas Sarkozy s’est-il souvenu du plan Juppé ? Face aux chirurgiens, il a en tout cas souhaité «dédramatiser» le mouvement de réforme dans le domaine de la santé. Afin que ce processus de changement s’opère «de manière plus fluide».
Feu vert à la négociation sur le secteur optionnel
Le conseil de l’Uncam (Union nationale des caisses d’assurance-maladie), où siègent les partenaires sociaux, doit délibérer aujourd’hui sur les «orientations de la négociation» en vue de la création du secteur optionnel (avec compléments d’honoraires plafonnés). Si le conseil a déjà donné son accord de principe à cette négociation tripartite (avec les syndicats médicaux et les complémentaires), reste à préciser le mandat au directeur de l’assurance-maladie. La négociation devrait être ouverte pour les chirurgiens (et non pas l’ensemble des spécialités) et prévoir un examen du secteur II actuel (conditions et pratiques tarifaires). Pour le conseil, en effet, il est impératif de «garantir un haut niveau d’accès à des tarifs opposables».
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