Réformes

Sarkozy appelle à une « refondation » de la médecine libérale

Publié le 12/01/2010
Lors de ses voeux au monde la santé, le président a lancé deux chantiers. Sur la rénovation de la médecine libérale, il attend des propositions du président de l’Ordre, Michel Legman avant la fin du trimestre. Sur le déficit de la Sécu, il laisse entendre que des décisions seront prises après la réunion de la conférence sur le déficit qui se réunira fin janvier.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Ce n’est pas la première fois que le président de la République s’impatiente et s’enflamme pour de nouveaux concepts dans le domaine de la Santé. A Perpignan, en présentant ses voeux au monde de la santé, Nicolas Sarkozy en a lancé deux qui concernent la médecine libérale et le trou de la Sécu.

Sur le premier point, il a annoncé mardi être prêt à engager la refondation de la médecine libérale. A cette fin, il a demandé au président du Conseil national de l'ordre des médecins un « état des lieux ». Michel Legmann qu’il connaît bien (ce dernier a été son adjoint à la mairie de Neuily) devra donc travailler avec un petit groupe d’experts et lui faire des propositions rapidement, avant la fin du mois de mars pour « refonder » la médecine de ville.

Nicolas Sarkozy est visiblement très inquiet par les perspectives démographique à venir et notamment pour la médecine libérale : il a conscience qu’elle sera la première victime de la baisse de la densité médicale jusqu’en 2020 et martèle qu’elle a « perdu son attractivité. » « La médecine libérale doit être refondée à l'heure même où les demandes qui lui sont adressées n'ont jamais été aussi nombreuses », estime Nicolas Sarkozy. « C'est un enjeu immense », dit-il. Et si le chef de l’Etat n’a pas précisé beaucoup ses intentions, il a expliqué qu’il fallait « inventer un nouveau modèle de soins de premier recours qui fasse toute sa place à la médecine libérale, un modèle attractif. ».

Parmi les « orientations » suggérées au Dr Legman, Nicolas Sarkozy a notamment estimé qu'il fallait « simplifier la vie du praticien», car « le temps passé à la paperasse, c’est du temps perdu en moins pour soigner les malades. » Il demande aussi à Michel Legmann de faire des propositions pour « favoriser l'effort de formation des médecins », autoriser « la possibilité d'exercer dans des maisons de santé, des centres de soins ambulatoires » et « faciliter la mobilité des médecins ». Tout un programme qui vise d’abord à remédier à la crise de la démographie médicale. Il a d’ailleurs insisté aussi sur « la coopération avec les autres professionnels de santé ». « Les pharmaciens d'officine, les infirmières libérales » sont pour lui « une composante de l'offre de soins de premier recours ». Et il estime que « les médecins généralistes ont intérêt à partager le premier recours avec ces autres professions. »

Le deuxième chantier voulu par le président concerne les déficits publics et notamment celui de la Sécu. En décembre, il avait annoncé la tenue d'une conférence sur les déficits réunissant l'Etat, les collectivités locales et la sécurité sociale pour « sortir de la spirale des déficits et de l'endettement ». A Perpignan cette semaine, il a précisé que cette conférence qui se tiendra à la fin du mois de janvier, « doit naturellement évoquer la méthode pour rééquilibrer les comptes de l'assurance maladie, puis pour maintenir cet équilibre dans le temps ». Il précise tout de même que « bien entendu, les options qui seront retenues, le moment venu, devront faire l'objet d'une concertation (…) et sauvegarder les générations futures ». En clair, même si le gouvernement n’a jusque-là pas tranché pour cause de crise économique, le président juge en substance immoral que l’on remette à plus tard les décisions difficiles : « Rien ne peut expliquer que nous financions les dépenses de santé par de la dette. Les malades d'aujourd'hui ne peuvent pas faire financer leurs soins par les actifs de demain ».

Le reste du discours présidentiel a sonné comme un satisfecit au gouvernement sur l’action engagée. « Nous devons poursuivre les efforts de rénovation de notre système de santé engagés avec la loi Hôpital », a-t-il ajouté. Avant de passer en revue d’autres réformes ambitieuses : plan cancer, plan Alzheimer, développement des soins palliatifs, création du LMD pour les infirmières. A retenir également de son intervention, un long plaidoyer en faveur du plan vaccination des pouvoirs publics. « Le gouvernement n'en a pas trop fait. La campagne de vaccination se poursuit et il n'est pas trop tard pour se faire vacciner, » a estimé M. Sarkozy. « Que m'auriez-vous dit si nous avions manqué de vaccins ? Qu'aurait-on dit de Roselyne Bachelot si telle ou telle personne était décédée, si elle n'avait pu se faire vacciner à temps ? »

Paul Bretagne

Source : lequotidiendumedecin.fr