Un peu plus de huit jours après la fin de non recevoir de la Cour de Cassation sur le droit au Cs pour les généralistes et trois jours avant l’annonce du réglement arbitral de Bertrand Fragonard, Nicolas Sarkozy a finalement fait cesser le suspens en accordant le C à 23 euros pour les médecins généralistes au 1er janvier 2011. Dans la foulée, il a aussi annoncé que les médecins généralistes reconnus comme spécialistes pourraient coter Cs ! A la fin de l’année prochaine, les médecins de famille devraient donc avoir le choix. Ces décisions ont été annoncées par le président de la République lui-même à l’issue d’un déplacement ce vendredi dans un cabinet médical de Livry-Gargan où il « voulait s’informer de toutes les questions et problèmes de la médecine de proximité».
Il ne s’est pas arrêté à ces mesures hautement symboliques, puisqu’il a aussi profité de ce déplacement en Seine-Saint-Denis pour préciser les contours de la «grande concertation» qu’il engage sur la «médecine de proximité», chargeant Elisabeth Hubert, l’actuelle présidente de la FNEHAD (Fédération de l’hospigtalisation à domicile) et ancienne ministre de la Santé du gouvernement Juppé, de mener à bien cette mission. Pour cela, on devrait beaucoup la voir sur le terrain du mois de mai jusqu’au mois de septembre -«la concertation sera organisée de telle sorte que des débats aient lieu dans les régions,» indique en effet l’Elysée- avec pour ambition d’«apporter des réponses structurelles au malaise de la médecine de proximité», dixit Nicolas Sarkozy.
Lors de ce déplacement en Seine-Saint-Denis, le président a promis que lui-même et Roselyne Bachelot ne lésineraient pas non plus sur les déplacements pour rencontrer les médecins dans les mois qui viennent. Et il a voulu faire comprendre aux intéressés qu’il avait compris leurs problèmes: promettant une meilleure répartition des professionnels et une réduction significative de la paperasse administrative...
Finalement et paradoxalement, Nicolas Sarkozy pourra se prévaloir d’avoir toujours pris fait et cause pour le C à 23 euros. Au début du printemps 2007, en pleine campagne électorale, alors candidat à la présidentielle, il s’était publiquement prononcé pour le passage du C de 21 à 23 euros. On sait qu’en pratique, seuls 22 euros furent accordés aux médecins généralistes, via l’avenant n° 23 de la convention signé en mars 2007, qui prévoyait une augmentation en deux temps: un euro de plus à l’été 2007 qui fut effectivement accordé le 1er juillet de cette année-là, et un autre prévu pour le 1er juin 2008, mais conditionnel, «en fonction des marges de manœuvres prévues par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2008 et compte tenu de l’engagement des médecins dans la maîtrise médicalisée et dans la prévention en 2007 et 2008 ». Pour cause de trou de la Sécu, puis de crise économique, on sait qu’il n’en fut rien de cette deuxième revalorisation. Le discours de Livry-Gargan vient donc remettre les pendules à l’heure,... trois ans plus tard !
Réactions positives, mais pas dithyrambiques des syndicats de médecins
Les premières réactions des syndicats de médecins aux annonces du président sont plutôt positives, chacun y voyant là le résultat des actions de contestation emmenées par lui sur le terrain. Ainsi, la CSMF «salue le geste du Président de la République en direction des médecins généralistes.» Mais estime que «l’annonce du C à 23 € constitue un premier pas extrêmement tardif,» et que «la date du 1er janvier 2011 est trop éloignée et constitue un report de plus.» Et en conséquence, la CSMF ne lève pas ses consignes tarifaires de c à 23 euros.
La tonalité est encore plus positive à MG France, mais néanmoins prudente. Le syndicat «se félicite de la reconnaissance enfin obtenue de la spécialité médecine générale, symbolisée par l'annonce par le Président de la République de l'accès des spécialistes en médecine générale à la même cotation Cs que l'ensemble des autres spécialités.» Le syndicat de Claude Leicher estime toutefois que ce n'est que «le premier acte du plan Marshall réclamé par MG France pour le maintien d'un égal accès aux soins de premiers recours.»
Dans cette optique, «MG salue la constitution d'un groupe de travail autour d'Elisabeth Hubert, la revalorisation de l'acte n'étant qu'une première étape.» Curieusement, la CSMF ne fait pour sa part aucun commentaire sur la nomination de cette ancienne militante CSMF (voir sa biographie en cliquant ci-dessous).
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