Lancés il y a trois ans par les trois principaux régimes d'assurance-maladie (général, agricole et indépendants), les deux programmes de santé publique sur le diabète de type 2 (non insulinodépendant) et l'hypertension artérielle (HTA) ont eu des résultats mitigés. La Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) note « un vrai succès pour le diabète et des résultats insuffisants pour l'hypertension », résume le Dr Pierre Fender, médecin-conseil national adjoint.
En mai 1999, l'assurance-maladie avait envoyé à tous les médecins libéraux le résumé des recommandations de l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES) et de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) pour la prise en charge des patients diabétiques. Au second semestre 1999, la promotion de ces référentiels s'est poursuivie lors de rencontres, baptisées « échanges confraternels », entre les médecins-conseils des caisses et les médecins traitants, lors des demandes d'exonération du ticket modérateur pour leurs patients. La méthode a produit, selon la CNAM, « grâce à l'investissement de tous les acteurs, une réelle amélioration de la prise en charge du diabète de type 2 ». Les résultats comparatifs avant et après ces « échanges confraternels » portent sur une population de 911 871 diabétiques de type 2, avec un âge moyen de 64,4 ans, ayant consommé des soins en 2000.
La CNAM relève tout d'abord « une évolution très favorable des modalités du suivi de l'équilibre glycémique », avec une augmentation de 46,7 % du nombre de patients remboursés d'au moins un dosage de l'hémoglobine glyquée (HbA1c, recommandé par les experts de l'ANAES, car plus fiable) durant les six derniers mois. En outre, l'assurance-maladie a remboursé un bilan ophtalmologique annuel (recommandé par les experts en raison du risque de complications oculaires du diabète) à 40,9 % des diabétiques de type 2 en 2000, contre 39,1 % en 1998. La CNAM relativise cette quasi-stagnation en précisant que la consultation ophtalmologique est plus fréquente pour les patients pris en charge à 100 %, surtout si la reconnaissance de leur affection de longue durée est récente, et pour ceux qui ont consulté un endocrinologue.
Meilleur suivi cardiologique
Par ailleurs, la Caisse nationale observe une progression du suivi cardiologique, puisque le taux de diabétiques de type 2 remboursés d'au moins un électrocardiogramme de repos est passé de 27,9 % en 1998 à 30,2 % en 2000. Enfin, les interventions de l'assurance-maladie ont plutôt amélioré le suivi des patients pour leur risque lipidique et sur le plan rénal.
Le travail de l'assurance-maladie sur le diabète est terminé au niveau national, mais pas dans les unions régionales des caisses d'assurance-maladie (URCAM). L'assurance-maladie participe maintenant au programme de lutte contre le diabète lancé en novembre 2001 par le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner.
HTA : un bilan assez décevant
Le programme de l'assurance-maladie relatif à la prise en charge de l'hypertension artérielle sévère continue jusqu'en 2004. Le programme HTA s'appuie notamment, comme le programme diabète, sur des échanges confraternels pour sensibiliser les praticiens. Le bilan intermédiaire est assez décevant. La répartition des patients selon leurs chiffres tensionnels n'est pas « significativement différente » après la diffusion des recommandations des experts. La caisse souligne aussi le « déficit d'implication de la part des patients concernés », malgré les recommandations hygiéno-diététiques qui leur ont été faites. Quant au traitement médicamenteux, « la fréquence de prescription des différentes classes thérapeutiques s'est peu modifiée » entre 1999 et 2000.
La CNAM déplore qu' « une prescription potentiellement contre-indiquée (par exemple en cas de dépression, NDLR) a été constatée pour 28 % des patients tant en 1999 qu'en 2000 ».
Enfin, en matière de prévention, le bilan bucco-dentaire, comprenant un examen de dépistage gratuit et une prise en charge à 100 %, a touché seulement de 7,5 à 15 % des adolescents de 15-18 ans potentiellement concernés, avec de fortes disparités régionales. L'assurance-maladie s'apprête à réaliser des scellements de sillons (évitant les caries) pour les enfants de 6 et 12 ans, comme le prévoit la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2002.
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