Depuis quatorze ans, 10 organisations*, conduites par l'Association française de psychiatrie (AFP), proposent aux citoyens de « parler tôt pour en parler à temps » de petits riens qui font les grandes déprimes et les dépressions. Le rendez-vous est au printemps et dure sept jours.
Cette année, la Semaine d'information sur la santé mentale, du 17 au 23 mars, est consacrée au travail. Les difficultés « ordinaires », mais aussi « spécifiques des handicapés psychiques » au travail, et les effets du chômage sont au programme de rencontres-débats et de manifestations festives. Elles auront lieu à Paris, à la Maison de la Mutualité (ce soir, à 17 h 45) et à la Cité des sciences de la Villette (le 20 mars, à 18 h 30) et à Conflans-Sainte-Honorine (le 18 mars, à 20 h).
« Notre volonté est de sensibiliser la population à la dimension de santé publique de la psychiatrie, pas seulement pour le traitement de la maladie, mais par rapport à tous les aspects touchant à la santé mentale des individus. Nous cherchons à jeter des ponts entre ce qui est la pathologie avérée et ce que peut ressentir tout un chacun dans sa vie », dit au « Quotidien » le Dr Jacques-David Beigbeder, vice-président de l'AFP.
Réflexion sur l'insertion
La psychopathologie du travail est décrite par nombre de praticiens. Les organisateurs de la Semaine invitent à une « réflexion sur les problèmes d'insertion, ou de reconnaissance, sur le stress que cela engendre », ou encore « sur l'incapacité à se socialiser dans l'entreprise ». Des jeunes, par exemple, peuvent témoigner de la difficulté à s'impliquer dans une activité comme mode de socialisation, au point de constituer « une pathologie sévère ». Le chômage peut entraîner « une absence de repère identitaire », poursuit le psychiatre. Il fait remarquer qu' « un management un peu dur », la litanie des plans sociaux, et les mises à pied, auxquels s'ajoutent les problèmes des RMIstes et des handicapés psychiques, multiplient les pathologies, avec, parfois, le suicide pour conséquence. « Incontestablement, il y a une souffrance qui s'attache au fait que les personnes ont beaucoup de difficultés à s'investir de façon humaine et valorisante », insiste le praticien.
C'est pourquoi « une dynamique de la santé mentale » apparaît comme indispensable : elle passerait outre les liens de dépendance qui « existent indéniablement entre les médecins du travail et les entreprises et les médecins de l'Education nationale et l'institution scolaire ». Heureusement, au nom de la déontologie, le pédopsychiatre sait communiquer avec son confrère de l'Education nationale et le psychiatre avec le praticien d'entreprise.
* Centre collaborateur OMS pour la recherche et la formation en santé mentale, Centre national audiovisuel en santé mentale, Fédération d'aide à la santé mentale Croix-Marine, Fédération française de psychiatrie, Fédération mutualiste parisienne, Fédération nationale des associations de patients et ex-patients en psychiatrie, Ligue française pour la santé mentale, société médicale Balint, Société info psy et Union nationale des amis et famille de malades mentaux.
Une mission sur la politique de santé mentale
De nombreux rapports ont fait le point sur les forces et les faiblesses de la prise en charge des troubles mentaux en France, il faut maintenant « mettre en uvre des solutions opérationnelles ». C'est pourquoi le ministre de la Santé a demandé au Dr Philippe Cléry-Melin de proposer un plan d'actions ciblé sur la réorganisation de l'offre de soins en psychiatrie et en santé mentale. Dans ce travail, le Dr Cléry-Melin (directeur de la Maison de santé de Bellevue, à Meudon, et de la clinique du château de Garches) est épaulé par le Dr Jean-Charles Pascal (praticien hospitalier, vice-président de la Fédération française de psychiatrie) et par le Pr Viviane Kovess-Mafety (psychiatre et épidémiologiste).
La mission doit selon le ministère aborder plus spécifiquement des points comme la coordination public-privé, le rôle des généralistes et des intervenants non médecins, la collaboration du secteur avec les autres structures de soins et le développement de l'intersectorialité, l'articulation avec le médico-social.
Les propositions du groupe Cléry-Melin sont attendus pour septembre. Elles auront été soumises à une concertation élargie, associant tous les modes d'exercice de la psychiatrie et les malades. Une étape essentielle en sera les états généraux de la santé mentale, à Montpellier en juin.
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