L’expert-comptable aurait-il remplacé le responsable politique au sein du Conseil des ministres ? Alors que les Français s’enfoncent dans la dépression, la ministre de la Santé refuse l’électrochoc que la Cour des comptes prescrit dans son dernier rapport. Et préfère rappeler la bonne constitution du malade. Non, tout n’est pas menacé de faillite et de déliquescence. En témoigne le système de protection sociale à la française, l’ultime instrument qui favorise la cohésion sociale, l’intégration et la solidarité. Dans le même temps, Marisol Touraine entend bien incarner les valeurs de gauche dans un gouvernement qui revendique un tournant social libéral. Mais le discours relève-t-il de la simple posture ou du réel engagement ? En tout état de cause, le discours clivant est utilisé depuis le premier jour pour se démarquer de ses prédécesseurs et imprimer au moins dans les esprits la défense d’une politique de gauche. La défense de l’hôpital public est brandie à cet égard comme un véritable étendard derrière lequel devraient se rallier tous les professionnels concernés. On ne peut accuser Marisol Touraine d’inconstance dans ce domaine depuis son premier discours à Hôpital Expo en mai 2012 jusqu’à aujourd’hui dans ses propos publics ou privés. Mais cet engagement sans faille s’il a suscité l’enthousiasme du secteur public à ses débuts se heurte au scepticisme, voire à la colère des médecins hospitaliers qui attendent désormais des résultats concrets. La grève annoncée le 14 octobre prochain des médecins hospitaliers a été rapidement désamorcée après une concertation avec les principales intersyndicales. Mais des milliers de médecins ont toutefois fait grève.
La généralisation du tiers payant en médecine de ville à l’horizon 2017 s’inscrit résolument dans le cadre d’un programme de gauche : accès aux soins facilité à toutes les populations, suppression de barrières tarifaires. Le gain politique est évident pour un coût financier quasi nul pour le budget de l’Etat. Les Français plébiscitent l’absence d’avances de frais. Certaines catégories de médecins libéraux luttent contre la réforme. Cette contestation est du grain à moudre pour tous ceux qui appellent au retour d’un discours de gauche en lutte contre le vent de la réaction.
Au-delà des symboles et des mots, l’action de la ministre se comprend davantage comme une réponse aux attentes des patients plutôt qu’à celle des professionnels. Dans la lutte contre les déficits si Marisol Touraine n’a pas supprimé les franchises, elle ne les a pas alourdies. Aucune procédure nouvelle de déremboursement de médicament n’a été décidée.
Résultat, le reste à charge des Français amorce pour la première fois une décrue. Pour autant et face aux menaces, cette politique de la demande peut-elle être encore longtemps menée alors que le gouvernement avec le pacte de responsabilité entend mener une politique de l’offre ? Ou dit autrement, la santé serait-elle le dernier rempart d’une politique de gauche ?
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