JACQUES CHIRAC n'aime pas les anniversaires. Il l'a répété lors de sa récente prestation sur France 2. Mais les médecins se souviennent que le 7 mai 1995 le maire de Paris est (enfin) élu à la présidence de la République par 52,64 % des suffrages contre 47,36 % au candidat socialiste Lionel Jospin. Ils applaudissent ce succès.
Ils ont toujours été des partisans de Jacques Chirac, qui n'a pas manqué une occasion de les soutenir et de les comprendre. Un sondage réalisé par « le Quotidien » à quelques semaines de ce scrutin présidentiel montrait d'ailleurs que 70 % des médecins allaient voter pour lui.
Ils se souviennent aussi que le candidat Chirac avait annoncé son intention de se présenter devant un parterre de professionnels de santé en octobre 1994 et qu'à cette occasion il leur avait affirmé son opposition à toute limitation des dépenses de santé. Ils se sont encore sentis rassurés lorsque le président, en octobre 1995, lors d'une intervention télévisée annonçant une prochaine réforme de la protection sociale, assurait très fermement que « la maîtrise comptable des dépenses de santé était absurde ». Quelques jours plus tard, le plan Juppé disait le contraire en mettant en place enveloppes et sanctions pour les médecins. « J'ai l'impression d'avoir reçu un coup sur la tête », se désespérait alors Claude Maffioli, président de la Csmf.
L'échec de 1997.
Le plan Juppé : une plaie qui n'est pas encore totalement cicatrisée et une mobilisation qui a étonné le président de la République, qui n'a toujours pas compris l'opposition déterminée des médecins et de l'opinion, réunis pour l'occasion, lui qui cherchait avant tout « à sauver notre système de protection sociale ». Un plan Juppé d'autant plus traumatisant pour le chef de l'Etat et son Premier ministre de l'époque qu'il sera en grande partie responsable de la défaite de la majorité sortante aux législatives anticipées de 1997. Même s'il faut relativiser l'importance des médecins dans ce vote sanction, nul doute que cet épisode aura servi à Jacques Chirac qui, plus tard, devait faire amende honorable, toujours devant les médecins, et regretter cet épisode.
Il demeure que beaucoup des aspects de ce plan sont aujourd'hui en application : la carte Vitale, le vote annuel par le Parlement du budget de la Sécurité sociale, la mise en place des agences régionales de l'hospitalisation, le système d'accréditation et d'évaluation des services hospitaliers : tout cela, et on en passe, c'est le plan Juppé qui aura marqué, quoi qu'en disent certains, son époque.
« C'est le meilleur d'entre nous », disait de son ex-premier ministre Jacques Chirac. C'est dire le drame qu'aura vécu le président de la République.
L'hôpital aura aussi apporté des chagrins au président. Dans ce secteur, les réformes sont difficiles et même si l'annonce, à la veille de l'élection présidentielle de 2002, du plan Hôpital 2007, avec sa promesse de six milliards d'euros d'investissements en cinq ans, lui a apporté un peu de répit, on voit aujourd'hui que le monde hospitalier est en ébullition, que la réforme de la gouvernance hospitalière est accueillie avec méfiance, c'est le moins, que les urgentistes sont remontés. En clair, le ministre de la Santé a bien du mal à ramener le calme dans ce domaine.
Dossiers prioritaires.
Dans ce contexte, le chef de l'Etat met beaucoup d'espoir dans la réforme de l'assurance-maladie de Philippe Douste-Blazy. Une réforme qui, si elle réussit, et surtout si elle permet de freiner l'évolution des dépenses et par voie de conséquence de réduire les déficits du système de protection sociale, lui permettra d'apparaître comme le grand réformateur du système de santé, titre qui lui tient à cœur. Le pari n'est pas gagné.
Mais déjà, en faisant de la lutte contre le cancer, du droit des handicapés (dont la loi vient d'être votée) et de sécurité routière les trois priorités de son second mandat, Jacques Chirac espère laisser une trace dans le monde de la santé.
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