DÉBATS PASSIONNÉS SUR UNE franchise ou des franchises imposées aux assurés sociaux avant tout remboursement ; vives controverses sur le financement de la protection sociale, et plus particulièrement sur les cotisations patronales ; polémiques sur la politique hospitalière, et notamment sur l'application des 35 heures dans les établissements ; propositions multiples pour lutter contre la désertification médicale, surtout en zones rurales ; différends sur les réformes du financement de la protection sociale ; discussions animées sur des grands problèmes de santé publique, comme l'euthanasie : la campagne électorale qui a précédé le premier tour de l'élection présidentielle de dimanche aura finalement abordé un certain nombre de dossiers directement liés au monde de la santé. « Le Quotidien », en pages 4 et 5, répertorie les principales promesses des douze candidats à ce scrutin présidentiel.
Ce constat est en soi rassurant, surtout après les inquiétudes des premiers jours de la campagne, quand chacun y allait de son commentaire, regrettant déjà par avance l'absence de la santé dans le débat électoral. En tout cas, il ne faut pas bouder son plaisir de voir que sont abordés des dossiers intéressant autant le médecin que l'assuré ou l'économiste de la santé.
Car, au-delà des polémiques qui ont émaillé cette campagne, on s'est bien aperçu – et le débat du MEDEC organisé par « le Quotidien » et la Csmf sur ce thème en a encore apporté la preuve – que les politiques prenaient de plus en plus en compte les préoccupations des médecins et des assurés. La tempête soulevée par le plan Juppé et ses conséquences électorales que, du côté de l'UMP, on ne cesse de mettre en avant, explique cette nouvelle tendance. Mais ce n'est sans doute pas la seule explication.
Toutes les enquêtes d'opinion menées par les partis politiques et que confirme l'entourage des candidats montrent que la politique de santé et l'avenir de la Sécurité sociale sont des préoccupations majeures des Français.
Le tollé et les vives polémiques qui ont suivi la proposition de Nicolas Sarkozy visant à mettre en place quatre franchises, dont les montants ne seraient ni remboursés par la Sécurité sociale ni par les mutuelles, confirment, en outre, que les politiques doivent traiter les problèmes de santé et de Sécurité sociale.
Où trouver l'argent ?
Il a été tout aussi significatif d'assister aux visites des trois principaux candidats dans les établissements hospitaliers : Nicolas Sarkozy, dès la fin du mois de janvier, avait montré l'exemple en se rendant aux urgences de l'hôpital de Cergy-Pontoise, avant d'aller un peu plus tard à Henri-Mondor ; François Bayrou a visité en février le CHS de Bordeaux, tandis que Ségolène Royal s'est rendue à Lyon aux Hospices civils, il y a quelque semaines. Tous avec une seule et même intention : montrer aux Français que l'hôpital était l'une de leurs priorités et que la situation des soignants, des praticiens et des personnels ferait l'objet de toute leur attention.
Les médecins libéraux sont particulièrement choyés par les candidats, du moins par la majorité d'entre eux, puisqu'ils se prononcent pour l'égalité du C et du CS ; sauf Ségolène Royal, qui reste plus circonspecte.
Reste que dans ce débat, où les candidats ont abordé des sujets multiples, comme la démographie et la permanence des soins, on est resté quelque peu sur sa faim en ce qui concerne le financement de la protection sociale et les multiples promesses qui ont été faites.
Certes, Nicolas Sarkozy et, à un moindre degré, François Bayrou ont évoqué la piste de la TVA sociale, ce qui entraînerait, selon eux, une baisse des cotisations patronales ; certes, Ségolène Royal a dit sa préférence pour une hausse de la CSG, mais les besoins sont si grands et les projets des candidats si ambitieux qu'on se demande où l'on pourra bien trouver l'argent, alors même que les déficits accumulés depuis des années sont immenses.
Et, à ce niveau, la prudence, quand ce n'est pas le silence des candidats, ne manque pas d'inquiéter.
Voir en format PDF, "LE TABLEAU COMPARATIF DES PROMESSES DES DOUZE CANDIDATS"
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