La pratique intensive de sports d’endurance peut favoriser la survenue de certaines arythmies, les rendant plus fréquentes chez les sportifs que dans la population générale. Alors que certaines de ces arythmies se révèlent bénignes, d’autres, au contraire, peuvent être révélatrices d’un risque de mort subite.
En pratique, l’évaluation de l’état de santé cardiaque des athlètes se fait, en général, au repos, et ce sont les modifications du cœur gauche qui sont principalement analysées. Or, une nouvelle étude, publiée dans le « European Heart Journal » (le journal de la Société Européenne de Cardiologie) révèle que certains signes de dysfonctionnement du cœur droit – dysfonctionnements potentiellement létaux – ne sont visibles que pendant l’effort.
Le cœur – un bolide de course
L’équipe de chercheurs, basés en Australie et en Belgique, montre que ces dysfonctionnements sont d’ailleurs tout à fait identifiables en utilisant des outils radiographiques simples, comme l’échocardiographie – ils préconisent donc un changement des pratiques au plus vite. Le Pr André La Gerche, de l’Université de Melbourne en Australie, et premier auteur de l’étude, conclu de manière imagée : « On n’évalue pas une voiture de course quand elle est au garage. C’est pareil pour les athlètes de haut niveau : on ne peut pas évaluer l’état de santé de leur cœur sans les mettre à l’effort. »
Pour cette étude, les chercheurs ont recruté 10 athlètes sains, 17 autres avec une arythmie du ventricule droit connue – dont 8 portaient un défibrillateur cardiaque implantable – et 7 contrôles, non-athlètes. Plusieurs techniques d’imagerie ont été utilisées pour analyser le fonctionnement du cœur au repos et pendant l’effort.
Au repos, les mesures de l’état de santé cardiaque étaient similaires dans les 3 groupes. À l’effort, la fonction ventriculaire gauche était également comparable dans les 3 groupes. Les différences ne sont apparues qu’en analysant la fonction ventriculaire droite des participants, des modifications qui n’ont été observées que chez les 17 athlètes avec une arythmie connue.
L’échocardiographie permet de détecter ces dysfonctionnements
« En mesurant la tension artérielle pulmonaire pendant l’effort, on a montré que le cœur droit doit fournir un effort plus important que le cœur gauche. Le cœur droit est donc un "maillon faible" chez les athlètes. Chez les sportifs sains, le ventricule droit a réussi à fournir le travail requis. Chez les sportifs avec une arythmie, le cœur était faible pendant l’épreuve d’effort, il n’était pas capable de répondre adéquatement et nous avons clairement détecté des dysfonctionnements qui n’étaient pas visibles au repos », explique le Pr La Gerche. « Les dysfonctionnements du ventricule droit à l’effort suggèrent que le muscle cardiaque est abîmé, ce qui cause à la fois une faiblesse du cœur et des arythmies. Si la faiblesse est modérée, les arythmies, elles, peuvent représenter un danger mortel ».
Les techniques d’imagerie utilisées n’étaient pas toutes équivalentes dans leur capacité à détecter ces dysfonctionnements, mais l’échocardiographie s’est révélée fiable. « Vu la grande disponibilité et la rentabilité de l’échocardiographie, (…) ces résultats devraient pousser les cardiologues spécialisés dans la prise en charge des sportifs à changer leur pratique, et à se concentrer sur le cœur droit, à l’effort ; les tests que nous décrivons sont réalisables, dès à présent, en clinique », note le Pr La Gerche, qui mise cependant sur le développement de l’imagerie cardiaque à résonance magnétique (IRM), un outil capable de générer des images avec une bonne résolution chez tous les patients.
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