De notre correspondante
En deux décennies, la mortalité masculine a baissé de 30 % (celle des femmes de 25 %), avec des résultats particulièrement significatifs pour les maladies liées à l'alcool (- 46 %) et les maladies de l'appareil circulatoire (- 41 %). Cette amélioration générale masque cependant quelques indicateurs particulièrement mauvais : pour le cancer du sein, la mortalité a augmenté de 5 %, en raison essentiellement du retard de la première consultation. Et pour le cancer du poumon, elle a fait un bond de 60 % !
Mais surtout, la région ne parvient pas à rattraper son retard en matière de santé. Le différentiel entre le Nord - Pas-de-Calais et le reste de la France persiste ; il s'est même aggravé pour certaines pathologies. La surmortalité liée à l'alcool est passée de 65 à 73 % chez les hommes et de 107 à 143 % chez les femmes. « Hormis les accidents de la circulation et les maladies infectieuses, toutes les causes de mortalité sont défavorables au Nord - Pas-de-Calais. Cette situation n'a pas d'équivalent en France », souligne le rapport de l'ORS.
Chômage et mortalité,les mêmes cartes
Le retard trouve sa source dans un contexte socio-économique défavorable : la précarité est plus forte ici que dans le reste de la France (25 % de la population), le taux d'activité féminine nettement inférieur. Autant d'éléments qui influencent l'état de santé. Les cartes de mortalité correspondent exactement aux cartes de chômage.
Pour le directeur de l'ORS, Olivier Lacoste, ce différentiel persistant souligne en tout cas « l'impérieuse nécessité de maintenir des mécanismes compensateurs pour les régions accusant un fort retard, alors même que certains souhaiteraient supprimer le système de péréquation actuel ».
Une éducation à la santé plus ciblée et une meilleure prise en compte des attentes des usagers devraient permettre d'améliorer le recours aux soins. Une grande enquête de population auprès de 500 personnes va être lancée dans ce sens. Malgré des résultats en demi-teinte, les responsables de l'observatoire régional se veulent optimistes : « Le Nord - Pas-de-Calais est la région de France où a été lancé le plus grand nombre de programmes régionaux de santé. La volonté politique est là, mais les résultats ne se feront sentir que dans quelques années ».
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