De notre correspondante
La région Provence-Alpes-Côte d'Azur est particulièrement touchée par les risques professionnels : 58 sites reconnus potentiellement dangereux, dont 40 classés Seveso, 70 % des décès français liés à l'amiante. « On peut faire le choix de se limiter à ses compétences, s'abriter derrière des textes réglementaires et ne pas se préoccuper de tout cela. Mais on peut aussi s'indigner, se révolter contre cet état de fait et s'impliquer pour que les choses changent », a déclaré Michel Vauzelle, président du conseil régional, qui ouvrait ces assises.
La région PACA est la seule à avoir signé un contrat de plan Etat-région (pour 2000-2006) sur la prévention-santé au travail. Depuis trois ans, des réseaux de veille et de prévention ont pu voir le jour et faire des propositions concrètes. Ils regroupent sur certains sites professionnels, bassins d'emploi ou dans certaines branches, des médecins du travail, des ingénieurs de sécurité, des inspecteurs du travail et des représentants de salariés et d'employeurs qui échangent leurs informations et leurs suggestions lors de réunions régulières et communiquent entre eux et avec l'extérieur par un journal mensuel (« Résonance-prévention ») et un site Internet riche d'enseignements (www.sante-securite-paca.org).
Les assises 2003, qui se situent dans cette dynamique, se sont donné pour objectif d'intégrer de nouveaux acteurs afin de développer la prévention, particulièrement dans les petites entreprises difficiles à atteindre, comme en ont témoigné les premiers débats. Avec plusieurs inquiétudes : l'annonce par le gouvernement de la réduction des crédits du contrat de plan Etat-région destinés aux réseaux de veille, un projet de loi sur l'inspection du travail risquant de remettre en cause l'indépendance des inspecteurs et de limiter leur rôle, les pressions croissantes sur les salariés pour ne pas déclarer leurs maladies professionnelles, ce qui empêche le repérage et la prévention.
Jacques Roux, inspecteur général des Affaires sociales (IGAS) qui participait aux travaux, a exprimé des préoccupations : malgré des avancées sensibles, il constate les difficultés de repérage des risques, du fait de leur mutation : nouvelles techniques, nouveaux produits, mobilité des salariés, nouvelles organisations du travail. Il regrette aussi un certain nombre de lacunes : les données ne sont ni centralisées, ni exhaustives, ni indépendantes, les expertises manquent d'un travail commun entre intervenants, la recherche sur les risques du travail est « dans la déshérence » : il faudrait, dit-il, un programme « beaucoup plus ambitieux », que des équipes se consacrent à ce sujet, que des laboratoires étudiant certaines maladies s'interrogent sur leur lien avec le milieu du travail. Il souligne la nécessité de « repositionner » la médecine du travail en la recentrant sur les risques de l'entreprise : « Les salariés ne voient pas la différence entre la visite annuelle obligatoire et la visite chez leur médecin », constate-t-il. Nécessité d'élargir les comités d'hygiène et de sécurité aux salariés des sous-traitants et les organiser par bassins d'emploi en travaillant avec les médecins de ville. Pour Jacques Roux, la prévention au travail doit être prise en charge conjointement par les ministères de la Santé, du Travail et de l'Environnement, pour promouvoir notamment la recherche sur les produits à risque. L'Institut national de vigilance sanitaire devrait se saisir des risques professionnels, ses moyens devraient tripler ou quadrupler dans les prochaines années, tandis que des comités régionaux des risques professionnels devraient coordonner et dynamiser les différents intervenants, dans un esprit d'ouverture et de pluridisciplinarité.
Vaste chantier dont l'esprit et les multiples thèmes ne manqueront pas d'être débattus, et sans doute en grande partie approuvés, tout au long des colloques qui vont jalonner ces assises de la prévention. Mais encore faudrait-il que les actions envisagées puissent s'appuyer sur des moyens et des financements concrets.
22 colloques en PACA
Les Assises de la prévention des risques au travail se dérouleront jusqu'au 11 décembre sous forme de 22 colloques dans plusieurs villes de la région PACA et seront largement ouverts à tous ceux qu'intéresse la santé au travail. Organisés de façon collective par des acteurs des Réseaux de veille et de prévention, ils porteront tous sur des thèmes différents, concernant des filières professionnelles précises (métiers du bois, entreprises agricoles ou agroalimentaires) ou sur des problèmes ressentis dans différentes branches (les cancers professionnels, les troubles musculo-squelettiques, les accidents de la route, les facteurs psychosociaux).
Parmi les médecins organisateurs, citons le Dr Pierre Verger, directeur adjoint de l'observatoire régional de la santé, qui, le 7 novembre, au conseil régional, dirigera les débats sur le « partage d'informations » sur les risques professionnels, entre les acteurs du système de soins et du système de prévention, y compris les généralistes de ville. Le Pr Alain Botta, directeur du laboratoire de biogénotoxicologie à la faculté de médecine de Marseille, est, pour sa part, responsable du thème « Prévention des cancers professionnels » dont il sera débattu le 2 décembre à l'Europole de l'Arbois, à Aix-en-Provence. Le Dr Muriel Buono-Michel, présidente de la Société de médecine du travail PACA, dirigera le colloque « Promouvoir la santé au travail » sur le rôle du médecin du travail dans l'entreprise, le 8 décembre à la faculté de médecine de Marseille
La synthèse de toutes ces réunions sera faite lors d'un colloque le 11 décembre à Marseille et les propositions qui en découleront serviront de base aux engagements du contrat de plan Etat-Région pour les prochaines années.
Renseignements : DRTEFP, 180, avenue du Prado, 13285 Marseille cedex 08, tél. 04.91.15.12.98, fax 04.91.04.64.18, site www.sante-securite-paca.org.
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