DIFFICILE, Thomas Bernhard. Toujours difficile. Dans « Au but », et c'est rare dans son oeuvre, le personnage dominant est une femme. Elle parle sans cesse, elle ne laisse jamais les autres penser. Elle s'adresse à sa fille qu'elle a ligotée depuis toujours...
La veille, elles ont été au théâtre assister à la création de la pièce d'un jeune auteur. La jeune fille, enthousiasmée, a voulu faire signer son programme. La mère, dans un mouvement qu'elle ne s'explique pas, a invité le dramaturge à les accompagner au bord de la mer, dans leur maison d'été. Il a accepté.
Elles l'attendent en terminant leurs bagages. C'est la première partie de la pièce. La mère raconte, se raconte. Et c'est terrible, une vie terrible, un enfant malade de cette maladie qui accable d'un vieillissement prématuré, un enfant qui meurt. Sa soeur qui a subi le poids des compromissions de la mère... Tout ici est noir, lourd, épouvantable.
Cette pièce de l'écrivain autrichien, traduite par Claude Porcell, est très souvent jouée. Ici, c'est Guillaume Lévêque, assistant d'Alain Françon, qui la met en scène. Aux premiers jours des représentations, il donnait le sentiment de ne pas avoir su choisir un parti. Mais ce type de spectacle a besoin du temps. Les comédiens semblaient un peu perdus et avaient tendance à vociférer. Ce sont des défauts de réglage.
Au centre de la pièce, Evelyne Istria, qui est une comédienne de très haute sensibilité, impose sa forte personnalité et son art profond. Face à elle, Valérie de Dietrich, la fille, ligotée, raide, mais en qui palpite l'espérance d'un éveil. Le jeune auteur, qui doit être un peu désinvolte et vaguement intéressé, dont on ne sait pas très bien ce qu'il cherche, est joué par un acteur très fin, Pierre-Félix Gravière. Dans le rôle furtif de la petite bonne, Chistine Seghezzi-Katz.
Théâtre de la Colline, petite salle, à 19 h le mardi, à 21 h du mercredi au samedi, dimanche à 16 h. Relâche le lundi et le 8 mai (01.44.62.52.52). Jusqu'au 17 mai. Durée : 2 h 15 sans entracte. La pièce a été publiée par L'Arche en 1987.
Dans la grande salle, une autre pièce de Thomas Bernhard, « le Président » avec notamment Dominique Valadié.
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