LE QUOTIDIEN : Alors que s’achève votre premier mandat à la tête de l’Ordre, quel élément vous semble le plus emblématique de votre action ?
Dr PATRICK BOUET : L'élément majeur, c’est la reprise du contact avec la profession. Nous nous sommes donné les moyens de renouer avec les médecins, tant au niveau du conseil national que des conseils départementaux. La grande consultation que nous avons menée ces derniers mois a été le point d’orgue de cette volonté ordinale. Cette démarche nous a permis, par sa traduction dans notre livre blanc pour l’avenir de la santé, de mettre en avant nos propositions pour une réforme cohérente, ambitieuse et profonde de notre système de santé.
Vous parlez de reprise du contact. Est-ce à dire que l’Ordre l'avait perdu avec sa base ?
Non, mais les médecins n’avaient pas de visibilité sur l’action générale de l’institution, si bien qu’ils en avaient une vision axée sur l’Ordre disciplinaire et administratif. Il leur manquait cette vision d’un Ordre professionnel, présent dans le débat public.
Votre mandat a été marqué par une franche opposition à la loi de santé, sans grands résultats. N’est-ce pas le signe d’une certaine faiblesse ?
Si l’Ordre n’avait pas mené son action opiniâtre, nous serions face à un texte encore pire. Nous avons obtenu des résultats importants qui l’ont fait évoluer, mais nous n’en sommes pas satisfaits pour autant. Nous avons pu faire passer certaines idées, reprises par le Premier ministre, comme l’action de l’Ordre dans les territoires ou la compétence des praticiens. En choisissant ces thèmes, l’Ordre a placé la profession en interlocuteur incontournable.
Sans votre action, la loi de santé aurait pu être pire, affirmez-vous. À quoi les médecins ont-ils échappé ?
Nous avons été très impliqués dans le débat sur le DPC. Au chapitre de l’organisation des soins, nous avons remis en avant la notion de communauté de territoire et avons fait des propositions sur les groupements hospitaliers de territoire (GHT).
Par ailleurs, si le thème de la démocratie sanitaire est revenu dans la loi de santé, c’est parce que nous avons été très exigeants ! Malgré cela, cette loi n’est pas celle que nous attendions, elle porte en elle les germes d’une médecine administrée qui ne répond pas aux enjeux d’avenir.
Avez-vous un regret ?
J’en ai plusieurs. Nous avons été tellement plongés dans la tourmente de cette loi qu’il y a d’autres chantiers qui auraient mérité une attention plus soutenue de notre part : la compétence, la formation, la réglementation et son adaptation à la société d’aujourd’hui. Nous n’avons pas pu tout faire, mais ce que nous avons fait, nous l’avons bien fait ! Trois ans c’est court. Mais j’ai le sentiment que l’action menée prouve qu’un Ordre professionnel, régulateur, est une garantie pour l’ensemble des médecins.
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