Fallait-il choisir la « trêve des confiseurs » pour appeler à la fermeture des cabinets ? Depuis le début, les avis sont partagés. Et, avec le recul, on s’aperçoit que le mot d’ordre a eu en fait les avantages de ses inconvénients. Comme pour tout mouvement social, il s’agissait d’abord de ne pas se planter ; et de ce point de vue, la période des Fêtes tient lieu d’assurance tous risques, puisqu’un certain nombre de confrères sont, de toute façon, en vacances. L’ennui c’est qu’il est difficile ensuite de faire le tri entre ceux – semble-t-il nombreux – qui ont débrayé et les autres qui ont décroché. La polémique syndicats-pouvoirs publics de ces derniers jours s’est bien sûr nourrie de cette ambiguïté.
En même temps, la fin de l’année s’est révélée une période idéale pour médiatiser le mouvement. Les journalistes ayant à cette époque beaucoup plus de mal à remplir leurs colonnes que les médecins leurs salles d’attentes, la presse grand public a abondamment commenté la grève des médecins. Et, surprise ! Ce fut plutôt en bien pour les grévistes. Nombre d’éditorialistes soulignant à la fois la maladresse de Marisol Touraine et le malaise des généralistes. À commencer par Le Monde, d’ordinaire plutôt enclin à railler le corporatisme supposé des toubibs… Ça tombe bien : dans le même temps, les sondages montraient que le Français de base était, lui aussi, compréhensif…
Autant dire que lors de la dernière quinzaine, les médecins libéraux ont engrangé des points. Pourtant, à la différence des urgentistes hospitaliers, Noël, pour eux, risque d’attendre encore. Certes, Marisol Touraine a rouvert les négociations et la « guérilla » administrative qui démarre semble faire plus peur aux pouvoirs publics que la grève des soins. Pour autant, le gouvernement n’est pas prêt de plier sur les demandes des généralistes. Du moins sur les deux principales, tant elles remettent en cause ses priorités du moment. À commencer par la généralisation du tiers payant sur laquelle il n’entend pas lâcher : c’est le type même de la réforme sociale à pas cher, à même de limiter les dégâts électoraux à venir. Réclamé par toute une profession, le C à 25 euros coince aussi. Cette fois, c’est sa politique de rigueur que le gouvernement craint de mettre à mal. Que peut faire Marisol Touraine alors que les « 2 B » – Bruxelles et Bercy – surveillent les comptes publics de l’Hexagone comme le lait sur le feu ? Pas grand-chose, si l’on en croit la fin de non-recevoir opposée mardi à MG France et mercredi à la CSMF…
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