EN DÉCEMBRE 2002, une jeune femme de 28 ans a été admise dans le service de médecine interne de l’hôpital universitaire d’Amsterdam en raison de l’apparition d’une douleur abdominale à type de colique au niveau de toute la partie droite de l’abdomen, de la fosse lombaire à la fosse iliaque, associée à des vomissements.
Depuis une dizaine d’années, cette patiente souffrait de façon régulière de douleurs de ce type qui survenaient généralement au terme d’une journée active, en particulier lorsqu’elle avait marché plusieurs heures pour son travail. Les douleurs duraient de deux à trois heures et se calmaient quand elle était en position allongée. Elle se plaignait par ailleurs d’une douleur lombaire au moment où elle passait des ralentisseurs en voiture. En raison d’une majoration des épisodes douloureux au cours des quatre dernières années, la jeune femme avait été admise un grand nombre de fois dans des services d’urgences. Elle avait aussi bénéficié de plusieurs consultations avec des urologues qui avaient fait pratiquer différents examens morphologiques : UIV, échographie et TDM. Mais aucun calcul n’avait été détecté dans les voies urinaires. En raison de l’image d’un uretère dont la forme semblait présenter une coudure, une sonde double J avait été mise en place. Tant que cette sonde était en place, la patiente n’a pas souffert, mais la symptomatologie a repris dès que la sonde a été ôtée. En l’absence de diagnostic formel, la patiente a été traité par différentes classes thérapeutiques antidouleur ou anti-inflammatoires, y compris par de la morphine.
La jeune femme s’est progressivement désocialisée, elle a cessé de travaillé et a même divorcé.
Néphropexie.
A 30 ans, elle a de nouveau consulté à l’hôpital universitaire d’Amsterdam. A l’admission aux urgences, elle présentait un contact lombaire droit, et son histoire clinique a orienté les internistes vers un diagnostic de néphroptose. En juin 2003, l’UIV, avec temps tardifs excrétoires effectués en position debout, a confirmé l’hypothèse, puisque le rein descendait de deux hauteurs de corps vertébraux en position debout et que la fonction rénale s’abaissait de 36 à 49 % lors de l’orthostatisme. Néanmoins, les urologues qu’elle a consultés à ce moment-là n’étaient pas formels sur le lien de causalité entre les douleurs et la néphroptose.
En 2005, l’urologue d’un hôpital périphérique a quand même pratiqué une néphropexie, devant le tableau de douleurs presque constantes de la jeune femme. Le geste chirurgical a été qualifié de facile par le chirurgien et lorsqu’elle a été revue en consultation en novembre 2006, les internistes ont conclu à un succès total puisque les douleurs avaient disparu, la patiente avait repris un travail à plein temps et elle était même enceinte de son premier enfant.
Deux corps vertébraux.
La néphroptose est définie d’un point de vue anatomique comme la chute de 5 cm ou de deux corps vertébraux du rein en position orthostatique. Les douleurs qui surviennent en position debout semblent liées à l’existence d’une obstruction intermittente des canaux excréteurs et peuvent aussi être en rapport avec des phénomènes de tension sur les artères et les nerfs rénaux. Le diagnostic est généralement confirmé par l’UIV et l’échographie pratiquée en position debout. Cette particularité anatomique est plus fréquente chez les jeunes femmes minces, mais les indications chirurgicales reste exceptionnelles.
« The Lancet », vol. 369, 436, 3 février 2007.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature