Diminution de la fertilité
R. SLAMA a défini la fertilité comme une aptitude biologique à avoir un enfant. Cela implique non seulement la probabilité de survenue d'une grossesse, mais le maintien de celle-ci. Déjà, chez l'animal, on avait évoqué la baisse de la fertilité, avec par exemple le problème de la féminisation des mouettes sur la côte pacifique des Etats-Unis liée à une exposition au DTT.
Chez l'homme, cette baisse du taux de fécondité existe, mais le contrôle des naissances pourrait suffire à l'expliquer. Il est évident que le recours à l'assistance médicale à la procréation (AMP) a notablement augmenté au cours des dernières années : zéro cycle en 1980, 45 000 en 2003. On peut aussi l'interpréter par l'amélioration de l'offre médicale et du fait d'un comportement plus impatient des couples modernes. Néanmoins, des études récentes montrent que dans les pays industrialisés on assiste à une baisse de la concentration spermatique .
Autre cause : l'augmentation de l'incidence du cancer du testicule, pathologie responsable dela diminution de la fertilité. En France, une étude a montré que son incidence est multipliée par deux pour les hommes nés en 1970 par rapport à ceux nés en 1938 (Slama et coll., 2004). Des chiffres comparables sont retrouvés dans les autres pays européens.
Par ailleurs, une enquête réalisée au Danemark a montré une multiplication par 4 de la fréquence des cryptorchidies entre 1950 et 2000.
Les données chez la femme sont plus difficiles à interpréter en raison de la contraception.
Mais la situation semble aussi préoccupante. La baisse de la fertilité serait, surtout, liée à des facteurs environnementaux : la chaleur, la position assise, le tabac, notamment l'exposition au tabac pendant la vie intra-utérine.
Le Dr Joëlle Belaisch-Allart a rappelé que, selon Hassan et Killick (2004), le délai pour concevoir est allongé si la femme ou son partenaire fument plus de 15 cigarettes par jour, si son partenaire boit plus de 20 unités d'alcool par semaine, si leur IMC est supérieur à 25 et s'ils boivent plus de 6 tasses de café ou de thé par jour.
Le tabac, on le sait, avance l'âge de la ménopause, augmente les risques d'ostéoporose. Il augmenterait le nombre de fausses couches spontanées et aurait un effet délétère sur la fertilité. Il existe probablement un effet dose et un retour à la fécondité normale à l'arrêt de l'intoxication.
Non seulement le tabac est responsable d'une baisse de la fécondité, mais l'exposition au tabagisme pendant la vie intra-utérine a un impact sur la fécondité.
Dans le cadre de la PMA, une étude réalisée en 2001 à la maternité de Sèvres, portant sur près de 1 200 cycles de FIV et d'Icsi, a montré un effet délétère du tabac sur l'implantation ovulaire. L'alcool aurait les mêmes effets en cas de consommation importante.
Etudiant la fréquence des rapports sexuels, le rôle d'une bonne connaissance du cycle, l'effet de la contraception sur la fertilité, H. Leridon a insisté sur la nécessité d'avoir des rapports sexuels au bon moment et non protégés ! Cela n'étant parfois pas aussi évident qu'on le pense chez certains !
La patience est de mise, une conception peut prendre du temps. Il ne faut pas s'impatienter. Après un an ou deux, les chances de concevoir naturellement existent.
Néanmoins, les couples ne doivent pas attendre trop longtemps, l'âge compte et l'AMP n'arrivera pas à résoudre tous les problèmes. Au cours du même congrès, le Dr Ch. Sultan a insisté sur le rôle de l'environnement sur la reproduction. L'axe gonadotrope est particulièrement sensible aux facteurs extérieurs, comme le stress, l'anorexie, le sport en excès.
Il en est de même pour certains facteurs liés à l'industrialisation, notamment la pollution atmosphérique, et l'usage des pesticides. La pollution au CO2 a augmenté de 25 % en 50 ans, elle est surtout d'origine automobile.
Pour améliorer le rendement agricole, l'usage des pesticides est certainement trop important. Ces produits sont dotés d'effets oestrogénomimétiques. Ils activent les récepteurs aux oestrogènes. Certains pesticides ont en outre un effet mutagène sur l'arotamase par exemple. Ils ont des effets cancérogènes et immunodépresseurs. Ils se comportent comme des antiandrogènes et peuvent, chez l'adulte, être responsables d'une augmentation des cancers du testicule, de la prostate et du sein. Ils pourraient également diminuer la spermatogenèse chez l'homme.
M A Hassan et S R Killick, Fertil Steril 2004 ; 81 : 384-392.
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