SI LES TECHNIQUES encore empiriques et onéreuses ne permettent pas d'envisager aujourd'hui l'utilisation des clones dans l'alimentation humaine, l'Afssa juge « probable » que, dans un avenir plus ou moins proche, des produits comme le lait et la viande issus de descendants d'animaux nés par clonage (et non des clones eux-mêmes) soient proposés aux consommateurs. D'où l'intérêt de l'étude qui vient d'être rendue publique. Elle conclut qu'en matière de sécurité sanitaire « les données acquises suggèrent que les animaux descendant de clones peuvent être traités comme leurs équivalents issus des méthodes de reproduction classiques ».
La surveillance appliquée à ces derniers pour leur mise en vente devrait mettre les consommateurs à l'abri de tout risque. En outre, les tests pratiqués sur les clones sont rassurants : tests réalisés sur la composition globale de la carcasse des vaches clonées (eau, protéines, lipides, carbohydrates, cendres et cholestérol) ; tests in vitro de digestibilité (à l'aide d'extraits gastriques et intestinaux sur des homogénats de viandes) ; tests de toxicité (en nourrissant des rats avec des vaches clonées) ; tests d'allergénicité (à partir de la sensibilisation de rats avec des injections d'extraits de viande) ; tests de mutagénicité (tests des micronoyaux). Aucune anomalie n'a été décelée à ce jour dans les résultats sur les animaux clonés et les autres.
Maintien de la vigilance.
Toutefois, ces données ne portent que sur un nombre limité d'expériences. Et les tests devraient être appliqués aux descendants des clones, et pas seulement aux clones eux-mêmes, pour exclure tout risque sanitaire.
Ce maintien de la vigilance est d'autant plus justifié que, souligne le rapport, les nouveaux clones obtenus à partir de cellules de clones primaires de vache sont plus fragiles que les descendants des clones obtenus par reproduction sexuée. Cela signifie que les vaches obtenues par clonage ne sont pas des animaux strictement identiques aux animaux conventionnels. Chez la souris, on a observé qu'en moyenne les clones vivent 10 % moins longtemps que leurs congénères non clonés. Cette particularité n'est pas due, semble-t-il, à un vieillissement prématuré, mais à une plus grande sensibilité aux maladies infectieuses classiques. Il en irait de même avec les bovins, dont certains clones pâtissent ou meurent de maladies rares ou classiques avec une fréquence plus élevée.
Aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration a préféré surseoir à la publication d'un rapport qui concluait que les clones étaient aussi sûrs que les animaux conventionnels en termes de sécurité sanitaire. Les preuves sont jugées encore insuffisantes. De même, en Australie et en Nouvelle-Zélande, les autorités sanitaires demandent d'adopter une approche de prudence avant de conclure.
L'agence française ne pouvait pas faire moins. Elle recommande d' « accumuler des données complémentaires concernant les animaux issus directement d'un clonage, mais aussi et surtout de leurs descendants pendant plusieurs générations ». Les caractéristiques physiologiques et zootechniques des clones et de leurs descendants doivent être menées pendant encore au moins deux générations et des études pourraient être conduites pour comparer les statuts sanitaires et immunitaires des animaux clonés à ceux des animaux conventionnels.
A cet effet, des troupeaux de clones et de leurs descendants devront dès maintenant être constitués pour disposer d'un nombre suffisant d'animaux.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature