Sanofi serait entré dans le monde 3.0. L’accord annoncé le 31 août dernier entre Sanofi et Google confirme l’accélération des coopérations entre géants de l’Internet et big pharma. L’enjeu est d’accélérer la recherche autour du diabète, pathologie chronique qui frappe près de 400 millions de patients dans le monde. C’est par ailleurs une maladie stratégique qui génère 20 % du chiffre d’affaires du leader français. Toutefois, ses revenus sont menacés par la perte de brevet sur le Lantus®, insuline la plus vendue dans le monde. Dans le même temps, Novo Nordisk laboratoire danois spécialisé dans cette maladie ne cesse de conforter ses positions.
ETP
Dans ce contexte concurrentiel, Sanofi se devait de réagir. Le diabète offre à cet égard un terrain unique d’expérimentations. En effet, cette pathologie exige un suivi réalisé par le patient. D’où la nécessité d’accompagner son autonomie. Ce qui a permis dans les années quatre-vingt-dix l’essor d’une nouvelle discipline, l’éducation thérapeutique reconnue dans la loi HPST par exemple. Aujourd’hui, la prise en charge génère un nombre considérable de données. Comment les analyser ? En retirer des informations qui renforcent la pertinence du traitement ? Dès 2011, sanofi s’était lancé dans cette course à l’innovation avec le lancement de l’iBGStar, le premier lecteur de glycémie connecté à l’Iphone® et l’Ipad d’Apple. Ce dispositif enregistrait les résultats pour les transmettre en direct au diabétologue. Aujourd’hui, le développement des objets connectés multiple le nombre de données disponibles mais aussi le champ des compétences. « Nous devons nous allier avec des partenaires qui ont des compétences dans d’autres domaines que nous comme Google dans la technologie, la miniaturisation, la connectivité, l’analyse de données », reconnaît Pascale Witz, vice-présidente exécutive à la tête de la nouvelle entité mondiale « diabète et cardio-vasculaire » dans le quotidien Les Échos du 1er septembre 2015.
Plateforme
Pour autant, Google Life Sciences réfute l’idée de se transformer en laboratoire pharmaceutique. La filiale du moteur de recherches a pourtant engrangé des premiers résultats. On peut citer la mise au point de lentilles de contact dotée de capteurs avec Alcon. Quel est alors le périmètre de l’accord conclu avec Sanofi ? En premier lieu, une plateforme devrait être mise en place entre les deux partenaires. Les informations collectées seront par ailleurs accessibles aux médecins et patients. À terme, l’idée est de proposer bien sûr de nouveaux outils.
À ce jour, le flou toutefois persiste sur le périmètre de l’accord. Est-il conçu pour mieux contrôler le diabète ? Ou doit-il générer la mise sur le marché de nouveaux traitements ? Dans ce cas, Google Life Sciences a-t-il vocation à se transformer en incubateur de médicaments innovants ? À ce stade, toutes les interrogations sont loin d’être levées, notamment sur les résultats attendus. Surtout on ne peut prédire comment les big data autour du diabète sont appelés à transformer la prise en charge.
En attendant les premiers fruits de ce nouveau modèle, la réduction des coûts est brandie par Sanofi comme une nécessité absolue. La boîte de médicaments serait trop chère… à la sortie d’usine en France. Sanofi a lancé des négociations avec les syndicats afin d’optimiser la productivité. L’objectif est ambitieux : réduire à 25 centimes, voire 20 centimes d’euros le coût de production d’une boîte de médicaments de prescription qui s’élève aujourd’hui en moyenne à 33 centimes. Le même effort est demandé pour les médicaments vendus sans ordonnance. Au lieu de 24 centimes, le prix de revient doit baisser entre 15 à 20 centimes. La distribution est également visée avec un objectif de prix de 8 centimes contre 15 actuellement.
Ces demandes ne sortent pas de nulle part. Elles sont en phase avec la productivité affichée dans les usines situées en Europe de l’Est ou en Espagne. Toutes les usines du leader français ne sont pas concernées. Seule la filiale Sanofi Winthrop Industrie (SWI) qui regroupe douze usines et emploie 5 000 salariés est incitée à s'aligner sur les performances observées à l’étranger. Au sein même de cette filiale, les résultats divergent selon les lieux de production. L’usine de Lisieux spécialisée dans la production de Doliprane affiche de très bons résultats avec un coût de production de 18 centimes. La négociation devrait se terminer dans trois mois. Le modèle 3.0 inclut-t-il in fine la possession en propre d’usines ?
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