L’ANNEE 2005 a été un bon cru pour le groupe pharmaceutique français Sanofi-Aventis. Après avoir présenté les résultats de la firme, son président, Jean-François Dehecq – qui devrait prochainement voir son mandat prolongé par le conseil d’administration jusqu’à 70 ans, comme il le souhaitait –, n’a pas caché sa satisfaction, et a surtout mis en valeur l’intégration réussie entre Sanofi et Aventis.
Il est vrai que les résultats de 2005 sont là pour confirmer la bonne santé de la firme. L’an dernier, le chiffre d’affaires total a atteint les 27,31 milliards d’euros, en croissance de 9,2 % à données comparables ; et le groupe a dégagé un résultat net de 6,32 milliards d’euros, en progression de 26,1 %, ce qui est sensiblement plus élevé que l’ensemble du secteur pharmaceutique. Il représente, commente-t-on chez Sanofi-Aventis, «23,2% du chiffre d’affaires, contre 19,4% en 2004».
Près de 15 % du chiffre d’affaires pour la recherche.
Quant aux frais de recherche et de développement, ils sont en croissance de 2 % par rapport à 2004, à 4,04 milliards d’euros. La firme y consacre 14,8 % de son chiffre d’affaires.
S’agissant plus particulièrement de ce secteur, le nombre de projets en phase avancée de développement clinique augmente sensiblement par rapport à l’année précédente, puisque l’on compte en ce début d’année 2006 cinquante-cinq projets en phase II et III, contre quarante-huit en mars 2005. Mais Sanofi-Aventis a surtout en recherche et développement «129projets au total, dont plus de quatre-vingts en développement clinique, et cinquante-cinq sont donc en phase avancée de développement». La firme mise d’abord sur les résultats de sa recherche, très prometteuse, pour accroître sa compétitivité et améliorer encore ses résultats.
Le groupe précise qu’il prévoit de soumettre une demande d’enregistrement d’ici à la fin de 2008 pour onze nouvelles entités chimiques, sept vaccins et «de nombreuses et importantes extensions d’indications».
«La soumission d’un dossier d’enregistrement d’un antagoniste des récepteurs V2 ayant donné des résultats positifs dans le traitement du Siadh (sécrétion inappropriée d’hormone antidiurétique) est prévue à la fin 2006», annonce également la troisième firme mondiale.
De nombreux lancements dans les deux ans.
Plus généralement, la direction de la recherche et du développement de Sanofi-Aventis estime qu’une vingtaine de produits majeurs pourraient être lancés dans les deux prochaines années. Même si certains ne seront sans doute pas mis sur le marché, même avec 50 % d’échecs, commente Gérard Le Fur, directeur général en charge de la recherche et du développement, et annoncé comme le successeur de Jean-François Dehecq, «nous aurons une dizaine de produits qui seront commercialisés». Ce qui, selon les experts, serait un score tout à fait appréciable.
Une ombre cependant jette le trouble sur ces bons résultats : le nombre de produits de Sanofi qui viennent d’être génériqués ou qui le seront au cours des prochains mois. Cela concerne notamment des brevets importants, comme l’Allegra (antiallergique), l’Amaryl (antidiabétique) ou l’Arava (polyarthrite rhumatoïde). Le chiffre d’affaires de la firme pourrait s’en trouvé affecté de plusieurs milliards d’euros. Sans compter les incertitudes qui pèsent toujours sur l’avenir du Plavix (antithrombotique) aux Etats-Unis où la menace d’un générique n’est toujours pas totalement écartée.
En attendant le Rimonabant.
Reste que Sanofi-Aventis mise beaucoup sur le succès mondial de son médicament contre l’obésité et destiné à lutter contre le tabagisme, le Rimonabant. Il en attend des revenus en année pleine supérieurs à 2 milliards d’euros. Selon le vice-président chargé des opérations pharmaceutiques Pierre Chancel, ce médicament devrait être lancé dans l’ensemble du monde à l’horizon 2008.
Le groupe prévoit de commercialiser le produit au deuxième semestre 2006 aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Irlande, au Danemark, en Finlande et au Mexique. En 2007, le produit devrait être mis sur le marché en France, en Espagne, en Italie et dans le reste de l’Europe. Puis dans le reste du monde en 2008.
On sait cependant que les autorités sanitaires américaines (la Food and Drug Administration - FDA) ont accordé seulement leur feu vert pour les indications du Rimonabant dans le traitement de l’obésité et non pour le sevrage tabagique. Mais la firme française a précisé qu’elle pensait toujours lancer aux Etats-Unis d’ici à la fin de 2006 ce médicament, dont le nom commercial est l’Acomplia.
«Nous prévoyons toujours que le produit pour son application antiobésité sera lancé d’ici à
la fin de l’année et plutôt au second semestre» aux Etats-Unis, a déclaré Gérard Le Fur. Il a également précisé que le groupe rencontrerait en mars les responsables de la FDA, afin de répondre aux questions sur la version antitabac de ce même médicament.
C’est sans doute cette incertitude ajoutée à la concurrence prévisible des génériques qui rend la firme française assez prudente pour 2006, même si elle a prévu une hausse de 10 % de son bénéfice et par action.
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