B EATRICE MAUCOURANT, contaminée par le VIH et l'hépatite C à la suite d'une transfusion lors de la naissance de jumeaux, le 8 juin 1984, a saisi le doyen des juges d'instruction de Paris le 12 juillet.
Elle porte plainte, avec constitution de partie civile, en affirmant que les lots de sang proviennent de prélèvements effectués en milieu carcéral. Dans cette démarche, la plaignante, ancienne secrétaire médicale, met en cause Myriam Ezratty et Jean-Pierre Dintilhac, à l'époque respectivement directrice et sous-directeur de l'administration pénitentiaire (AP).
Une note de service de l'AP du 13 janvier 1984, signée par Mme Ezratty et adressée aux directeurs de pénitenciers, autorisait les centres de transfusion à intensifier les collectes de sang en prison, qui remontent à 1954. Or, une circulaire de la direction générale de la Santé du 20 juin 1983, relative à la sélection clinique des donneurs, demandait d'écarter les toxicomanes, qui représentaient une part importante de la population carcérale.
En 1985, environ un don de sang infecté sur quatre provenait des détenus, soulignait un rapport de l'IGAS de 1992.
Il faudra attendre 1991 pour que le recours aux prisonniers soit abandonné, notamment à Saint-Denis de la Réunion.
Quelle que soit l'issue de la plainte de Béatrice Maucourant, une information judiciaire est ouverte sur ce volet du sang contaminé, qui n'a jamais été exploré, faute de moyens d'investigation, par la juge Marie-Odile Bertella Geffroy, chargée de plaintes multiples dans le même dossier à Paris, ainsi que devant la Cour de justice de la République (« le Quotidien » du 22 février 1999). D'autre part, il serait envisagé de confier l'instruction à une juridiction non parisienne, car l'actuel procureur de la République de la capitale n'est autre que Jean-Pierre Dintilhac. Celui-ci est le signataire en 1999 du réquisitoire du parquet allant dans les sens de l'ordonnance de la juge Bertella-Geffroy dans l'affaire du sang contaminé relative à 30 personnes toujours mises en examen. Quant à Myriam Ezratti, retraitée, elle occupait le siège de première présidente de la cour d'appel de Paris en 1993, quand le Dr Michel Garretta était rejugé.
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