Mille huit cent cinquante-six exposants venus de 42 pays avec 226 avions présentés au sol sur une superficie de quelque 300 000 mètres carrés, le Salon du Bourget, 45e édition du genre, malgré la tourmente que traversent les professionnels de l'aéronautique, devrait enregistrer, selon les organisateurs, une fréquentation équivalente à celle du précédent, en 2001, qui avait eu 306 658 visiteurs.
Le dispositif incendie-santé mis en place par le préfet de Seine-Saint-Denis est à la mesure de la manifestation. Depuis plusieurs mois, les spécialistes du bureau des opérations de la BSPP, sous la houlette du lieutenant-colonel Jules Malié, peaufinent « l'ordre d'opération du Salon ». Y prennent part, aux côtés des pompiers militaires de Paris (compétents dans le département de Seine-Saint-Denis où se situe l'aéroport du Bourget), leurs collègues, civils, du 95. Ensemble, ils prépositionnent pendant toute la durée du Salon un médecin régulateur et trois ambulances de réanimation. S'y adjoignent les moyens diligentés par le SAMU 93 (épaulé, le cas échéant, par d'autres SAMU franciliens) et les associations mandatées par la préfecture de police, en l'occurrence la Croix-Rouge française et la Protection civile : une ambulance UMH (unité mobile d'hospitalisation) du SAMU, trois ambulances ASM (Acteurs de sécurité médicale) Croix-Rouge, autant fournies par la protection civile.
Ces différents intervenants sont là quoi qu'il arrive, pour faire face à l'habituelle « bobologie » inhérente à tout grand rassemblement, dans le cadre d'un plan de secours spécialisé classifié D, le niveau le plus élevé sur une échelle qui va de A à D.
Un tel plan n'est activé que très exceptionnellement (pour le Championnat du monde d'athlétisme qui se déroulera au mois d'août ou, dans le passé, pour la Coupe du monde de football).
Naturellement, une montée en puissance de l'urgentisme est prévue si survient une catastrophe, avec un plan rouge interdépartemental adapté à chaque situation.
« Le pire qui puisse advenir, confie le lieutenant-colonel Malié, c'est évidemment un appareil gros porteur type A340 qui se traînerait sur la foule sur plusieurs dizaines de mètres. Mais ce ne serait de toute manière pas plus dramatique qu'un crash qui surviendrait sur le BHV en pleine heure d'affluence. »
Pour réduire les risques, les plans de vols ont été revus ; aucune démonstration dynamique (en vol) n'est autorisée au-dessus du public, les avions devant s'y livrer uniquement à la verticale d'une piste spécialisée. La réglementation interdit, en outre, de pousser les limites des appareils. La sécurité prime sur le spectacle. D'ailleurs, le simple amateur ne perçoit pas la différence entre une figure effectuée avec ou sans risques.
Système BSPP-SAMU
Autre précaution nouvelle adoptée cette année : le point dit alpha, où sont concentrés les moyens d'intervention du système intégré BSPP-SAMU (régulation, hydraulique, structures modulables des hôpitaux de campagne, etc.), a été déplacé du pied de la tour de contrôle, à l'intérieur de l'aéroport, à la caserne des pompiers de Blanc-Mesnil, de manière à garantir une mobilité plus facile en cas de drame. Car là réside sans doute le souci primordial des responsables de la sécurité aérienne : s'ils redoutent la perte de contrôle d'un appareil en vol, l'obstruction des voies de circulation au sol, avec l'engorgement des autoroutes et des principaux axes, est une de leurs préoccupations principales. Comme à chaque biennale de l'air, elle ne manquera pas de se rééditer dès dimanche, avec toutes les conséquences possibles en cas de coup dur.
Ouvert au public les dimanche 15, samedi 21 et dimanche 22 juin, de 9 h 30 à 18 h. Prix d'entrée : 10 euros. Accès RER B le Bourget, autoroute A1, sortie Le Bourget-parc des Expositions.
12 crashs et 32 morts depuis le Salon de 1961
Le premier accident grave du Bourget survint au Salon de 1961 : un B-58 Huster s'écrasait après un demi-piqué. Ses trois membres d'équipage ont été tués.
Au Salon suivant, en 1963, un appareil expérimental P1127, ancêtre du Harrier, se crashait à la suite de l'aspiration d'un caillou dans son moteur, mais son pilote s'en sortait indemne.
En 1965, c'était à nouveau un B-58 qui s'abîmait, ratant son atterrissage et causant la mort des trois membres d'équipage. La même année, un Fiat G91 à court de carburant s'écrasait sur un parking. Son pilote et huit spectateurs furent tués.
En 1967, un Fouga Magister manquait de heurter la tribune officielle, où il créait un mouvement de panique. Seul le pilote périt dans l'accident.
L'année 1973 sera celle de la plus grave catastrophe survenue au Bourget : lors du meeting de clôture, après un passage à basse altitude, un Tupolev 144, surnommé « Concordski » pour ses ressemblances avec le supersonique franco-britannique, décrochait sur l'agglomération de Goussainville, limitrophe du Bourget, en effectuant une très forte remontée (les causes exactes de l'accident, vingt ans après, ne sont pas élucidées). Les pompiers retrouvèrent quatorze cadavres une fois la fournaise éteinte, six membres d'équipage et huit personnes au sol. Des blessés par dizaines durent être hospitalisés.
Au Salon 1977, le pilote d'essai du Fairchild A10-A se tuait en manquant une sortie de boucle par temps très couvert.
En 1981, un C-160D Transall se crashait en raison d'une défaillance dans l'ouverture du train d'atterrissage, mais sans faire de victime ; la même année, un Dewoitine 520 datant de la Seconde Guerre mondiale ratait son atterrissage, là encore sans occasionner de pertes en vies humaines.
Au Salon 1983, c'était un SOKO Super Galeb qui se posait sans train d'atterrissage, sans conséquences. Tout comme, en 1985, l'accident d'un hydravion Seastar dont la voilure se brisait à l'atterrissage.
Au Salon 1989, un MIG-29 explosait en vol lors d'une séquence basse vitesse à grande incidence, son pilote ayant réussi à s'éjecter et s'en sortant avec seulement quelques contusions.
Dernier accident en date : en 1999, celui d'un prototype Sukhoï, le SU 30-MK s'écrasait après une demi-boucle tentée à trop basse altitude, les deux membres d'équipage devant la vie, là encore, à leurs sièges éjectables.
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