SEUL MAHMOUD ABBAS, président de l’Autorité palestinienne, a condamné le crime, qu’il a jugé « méprisable ». Il s’est attiré les foudres de quelques groupes armés qui ont exigé ses « excuses ». M. Abbas semble effectivement bien isolé en Palestine, mais il reste crédible aux yeux des instances internationales. Le Hamas, en revanche, est renvoyé à son examen de respectabilité par l’ONU, l’Amérique et l’Europe qui, toutes, lui demandent avant toute chose de reconnaître Israël et les accords d’Oslo.
La situation des territoires est désespérée ; et, bien entendu, les actes de violence ne peuvent qu’accroître l’immense désordre qui y règne. Le gouvernement Hamas est incapable de payer leur salaire aux 130 000 fonctionnaires et policiers palestiniens qui, déjà, expriment avec force leur mécontentement. Devant les refus successifs des Etats-Unis et de l’Union européenne de verser leur quote-part, le Premier ministre, Ismaïl Haniyeh, essaie de trouver des sources alternatives de financement, notamment en Arabie Saoudite et en Iran. Lesquels ont fait des promesses ; mais le remplissage des coffres palestiniens est une affaire urgente que la poursuite des bombardements d’Israël au moyen de roquettes en provenance de Gaza et des attentats-suicides (deux en quelques jours, qui ont fait au total treize morts chez les Israéliens) ne risquent pas d’accélérer.
Pendant la trêve du Hamas, le Djihad tue.
Jamais les mesures de sécurité (démantèlement des cellules terroristes, bombardements, construction du mur) n’ont paru aussi indispensables aux Israéliens. Il est clair en effet que la fameuse trêve du Hamas ne fait que permettre des attentats par procuration et que le cycle violence-répression se poursuivra encore longtemps.
Dans ces conditions, la formation en Israël d’un gouvernement de coalition regroupant notamment Kadima et les travaillistes sera plus difficile ; car le parti d’Amir Peretz, qui insiste sur la solution négociée de préférence à la solution unilatérale, doit lui aussi admettre que les chances d’une négociation, soit avec un Abbas qui a une forte volonté de paix, mais un pouvoir à peu près nul, soit avec un Hamas qui n’a aucune volonté de paix, sont inexistantes.
On en convient d’ailleurs dans toutes les chancelleries occidentales où le ton à l’égard d’Israël a complètement changé depuis que Sharon a tenu sa promesse d’évacuer Gaza unilatéralement. Tout le monde, à l’ONU, à Bruxelles, à Moscou, à Washington, s’est empressé de dire, à la veille des élections israéliennes du 29 mars, que la poursuite de l’évacuation unilatérale des territoires ne constituait pas une politique. Mais aujourd’hui, les mêmes sont bien en peine de dire aux Israéliens comment des discussions peuvent être amorcées avec un gouvernement qui a gardé une mentalité terroriste et clandestine et ne semble pas encore mesurer la dimension de ses responsabilités.
Un coup d’Etat ?
En outre, il ne faut pas trop nourrir d’illusions sur la stabilité du gouvernement Hamas : la banqueroute palestinienne le menace directement, car l’aide humanitaire n’empêchera pas les Palestiniens de s’insurger (et peut-être de se soulever) contre une détérioration des conditions de vie dans les territoires. Ce qui, d’ailleurs, n’est nullement souhaitable. Car les élections palestiniennes ont été exemplaires ; et il serait catastrophique que les débuts démocratiques du peuple palestinien sombrent dans un coup d’Etat.
L'OSTRACISME DU HAMAS A L'EGARD D'ISRAEL EST HISTORIQUEMENT SANS PRECEDENT
C’est pourtant ce qui risque d’arriver très bientôt : Gaza et la Cisjordanie forment une poudrière où tout le monde est armé et où une guerre entre le Hamas et le Fatah n’est nullement impossible.
Dans ces conditions, faire la leçon à Israël pour qu’il ne se mette pas à l’abri, pour qu’il ne finisse pas le mur, pour qu’il négocie avec des interlocuteurs qui refusent de le reconnaître, ou qu’il négocie sur la base de sa propre disparition, n’est pas seulement dangereux, c’est idiot.
Idiot du point de vue de ceux qui souhaitent sincèrement l’avènement de la paix, idiot par rapport à la réalité régionale, et idiot parce qu’une telle voie mènerait plus sûrement à un massacre qu’à un accord en bonne et due forme.
Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, n’a cessé de le dire : il suffit que le Hamas reconnaisse Israël et accepte de négocier pour que les discussions reprennent. Israël ne fait nullement payer aux Palestiniens le prix de leur choix électoral ; c’est le Hamas qui le leur fait payer par un entêtement enraciné dans une culture de haine, de violence et de mort.
D’ailleurs, dis-moi qui tu fréquentes... Les grands amis du Hamas sont la Syrie et l’Iran, dont le président jure à peu près tous les jours qu’Israël sera anéanti. On veut seulement espérer que les grands pacifistes français ont entendu les paroles prononcées par Ahmadinejad et par Haniyeh (ou ses porte-parole). Mais on n’est pas sûr qu’ils ne vont pas négliger le discours nazi des intéressés ou l’écarter comme une série de simples écarts verbaux. En tout cas, les articles ne manquent pas dans une partie de la presse française (toujours la même) qui soulignent les indéniables souffrances du peuple palestinien (un seul mot du Hamas suffirait à y mettre un terme) et explorent le subconscient des terroristes pour y trouver les ingrédients d’une politique : après tout, l’existence d’Israël, nous disent-ils sans rire, est-elle souhaitable ?
C’est de cette manière que le Hamas a pu se rendre à Moscou et va se rendre en Norvège. Les dirigeants de ce mouvement ne sont pas forcément des pestiférés et tous les embargos ont leurs limites. Mais la question n’est pas là, elle réside dans la responsabilité très grave que prend un Etat quand il parlemente avec un groupe dont les objectifs nihilistes sont incompatibles avec le principe même de la négociation.
Dès lors que la vocation centrale du Hamas est la destruction d’Israël, parler au Hamas revient à envisager la destruction d’Israël comme l’une des hypothèses de travail.
Pensez-y : il ne s’agit pas d’un tabou. Et il n’y a pas de précédent : par exemple, quand les Américains ont refusé tout dialogue avec les Chinois ou les Nord-Vietnamiens, ou encore aujourd’hui avec les Iraniens, aucun de ces adversaires ne préconisait ou ne préconise la disparition des Etats-Unis. L’avenir n’était donc pas fermé. Le Hamas, en revanche, est dans une impasse totale.
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