Un rapport de l’Inspection générale des Finances (IGF) consacré aux professions réglementées a été dévoilé par bribes dans la presse depuis plusieurs jours. Datées de mars 2013, les 700 pages de ce document ont été examinées par « le Monde » qui divulgue aujourd’hui le palmarès des salaires de 37 professions réglementées.
En tête de ce classement figurent les greffiers des tribunaux de commerce avec plus de 29 000 euros nets mensuels, devant les mandataires et administrateurs judiciaires (près de 26 000 euros) et les notaires (plus de 13 000 euros par mois).
Les métiers du monde de la santé figurent en bonne place. Les pharmaciens (7 671 euros) devancent les médecins spécialistes (7 186 euros), les dentistes (6 912 euros), les généralistes (5 666 euros).
Les plombiers (1 829 euros) figurent dans la queue de ce classement.
Puissante charge contre les « rentes particulières »
À la lumière de ce document, l’attaque menée par le gouvernement contre certaines professions réglementées (pharmaciens, notaires, ambulanciers, huissiers...) prend tout son sens. Le ministre de l’Économie, Arnaud Montebourg, a présenté il y a deux semaines sa « feuille de route du redressement économique de la France ». Quelques jours plus tard, le secrétaire d’État à la réforme de l’État,Thierry Mandon, déclarait que certaines professions réglementées devaient comprendre qu’elles pouvaient « faire des efforts ».
« Les Échos » ont relevé que le chiffre d’affaires cumulé de ces trente-sept professions représentait 235 milliards d’euros en 2010, leur bénéfice 42 milliards d’euros et leurs effectifs plus de 1 million de salariés.
Du fait du fort niveau de rentabilité de ces métiers (près de 2,5 fois la rentabilité constatée dans le reste de l’économie), le rapport évoque des « rentes particulières » et un revenu qui n’est ni proportionnel au niveau d’études ni justifié par une prise de risques particulière.
L’IGF préconise des réformes ciblées sur certaines professions – notamment, la fin de monopole (les pharmaciens sont notamment visés, les transports sanitaires aussi) ou la modification de la fixation des tarifs (notaires, plombiers, serruriers...). L’IGF est également favorable à la suppression du numerus clausus à l’entrée des formations de santé (pharmaciens, dentistes, kinésithérapeutes, vétérinaires...).
Attaque « démagogique », selon l’UNAPL
L’Union nationale des professions libérales (UNAPL) rejette en bloc ce projet de déréglementation de certaines professions libérales accusées de « capter les revenus des Français ». Il s’agit, selon l’instance présidée par le Dr Michel Chassang, d’une « mesure démagogique préjudiciable aux consommateurs ».
« Le monopole de certaines professions, en particulier les huissiers de justice, les avocats, les greffiers des tribunaux et certaines professions de santé n’est pas responsable du défaut de croissance de notre pays et de la perte de pouvoir d’achat des Français », affirme l’UNAPL.
L’Union ajoute que les professions réglementées sont « une garantie pour les consommateurs » car elles « obéissent à des règles déontologiques, lesquelles d’ailleurs proscrivent le recours à la publicité». Certaines d’entre elles assument des missions de service public, et, lorsqu’elles sont conventionnées, elles « pratiquent des tarifs administrés, excluant la concurrence par le prix que voudrait stimuler la future loi. »
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