Dans une lettre à la « Presse médicale », une équipe de Rabat (Maroc) rapporte une observation instructive. L'histoire est celle d'une femme de 40 ans qui accouche par voie basse pour la sixième fois. Dans le post-partum immédiat, apparaissent des douleurs abdominales diffuses avec pâleur, tachycardie et hypotension. L'abdomen est souple ; il n'y a pas de saignement utérin (ce qui élimine une hémorragie de la délivrance) ; l'échographie montre un épanchement péritonéal important ; après réanimation, une laparotomie est réalisée.
On découvre un hémopéritoine de 1,5 l et une infiltration hémorragique rétropéritonéale sus-mésocolique. On fait une toilette péritonéale sans explorer le rétropéritoine. Deux jours plus tard, on constate à l'échographie une récidive d'hémopéritoine. Au scanner abdominal, on découvre une masse en regard du hile splénique, en arrière de la région caudale du pancréas, prenant fortement le produit de contraste et arrivant au contact des vaisseaux spléniques. Réintervention : en plus de l'hémopéritoine, on constate un énorme hématome dans la loge splénique. Après ouverture et évacuation de cet hématome, on découvre un petit anévrysme de l'artère splénique, rompu, de 2 cm de diamètre. Après splénectomie avec ligature de l'artère splénique, les suites opératoires sont simples.
Forte mortalité chez la mère et le foetus
Les anévrysmes de l'artère splénique, expliquent les auteurs, touchent dans 80 % des cas des femmes, dont la plupart sont des multipares. Les risques de rupture sont augmentés pendant la grossesse, atteignant 95 %, avec mortalité maternelle et foetale supérieure à 75 % (parfois 90 %).
Ces anévrysmes sont longtemps asymptomatiques. L'étiopathogénie des ruptures pendant la grossesse reste mystérieuse : on invoque des facteurs hormonaux et une surcharge volumique.
La rupture se manifeste par des douleurs de l'hypochondre gauche avec syndrome hémorragique ; toutefois, celui-ci peut être retardé en cas de rupture en deux temps.
Etant donné la lourde mortalité chez la femme enceinte, il est recommandé d'opérer tout anévrysme de l'artère splénique chez la femme enceinte ou en âge de procréer et ayant des projets de grossesse.
M. El Ounani, J. Medrhri, O. Mahi, M. Echarrab, R. Chkoff et A. Zizi. « La Presse médicale » du 2 mars 2002, p. 360.
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