Le réseau Rénarub, mis en place en 1976, regroupe des laboratoires d'analyses de biologie médicale qui réalisent la recherche des IgM antirubéoleuses. Les données sont d'abord recueillies par les biologistes puis les médecins traitants (gynécologues, obstétriciens et pédiatres) fournissent des informations démographiques, biologiques et cliniques sur la femme infectée, le nouveau-né ou le fçoetus. Le réseau a pour objectif de recenser les rubéoles congénitales et d'évaluer l'impact de la politique vaccinale et des mesures de prévention mises en oeuvre en France dans la perspective de l'élimination de la rubéole congénitale.
Les données 2001, publiées dans le « BEH » n° 21/2003 montrent que, si le réseau fonctionne bien, avec une participation de 100 % des laboratoires et de 99 % des médecins, la persistance de cas d'infections survenues pendant la grossesse témoigne de l'insuffisance de la couverture vaccinale.
Toute femme enceinte qui a présenté une première sérologie IgM positive pendant l'année 2001 et/ou tout nouveau-né ou ftus ayant un diagnostic d'infection rubéoleuse établi sont notifiés à l'Institut de veille sanitaire qui coordonne le réseau.
27 cas certains de primo-infection
Compte tenu de la difficulté d'affirmer de manière certaine le diagnostic biologique d'infection rubéoleuse, une nouvelle définition des cas est utilisée depuis l'année 2001. Elle inclut notamment la mesure de l'avidité des IgG et introduit la catégorie de cas probables à côté des cas certains.
Selon cette définition, sur les 162 infections rubéoleuses signalées par les laboratoires, 38 ont été considérées comme des cas probables ou certains. Parmi ces cas, 27 étaient des primo-infections certaines, 6 des primo-infections probables, les infections se répartissant entre 4 cas probables et un certain.
Six de ces 38 femmes ont donné naissance à un enfant atteint de rubéole congénitale malformative, 2 ont eu un avortement spontané, les 8 autres ont subi une interruption médicale de grossesse (IMG). Dans les 10 cas d'interruption de grossesse, spontanée ou provoquée, les foetus avaient une atteinte probable, ce qui porte à 16 le nombre de cas de rubéole malformative.
Depuis 1979, l'incidence annuelle des infections rubéoleuses présente une évolution cyclique. Elle est de 3,6 (cas certains) en 2001. L'incidence de la RCM suit une évolution parallèle : 1,1 cas/100 000 naissances vivantes (NV) en 1977, 0,4 en 1998 ; 0,1 en 1999 avant de remonter à 1 cas pour 100 000 NV en 2000 et 0,8 en 2001.
Les caractéristiques des femmes infectées pendant leur grossesse montrent que 86 % d'entre elles sont âgées de moins de 30 ans. Cela témoigne d'une circulation persistante du virus chez les jeunes adultes, amis aussi du déficit de la couverture vaccinale des enfants (84 % à l'âge de 2 ans en 2000 et 90 % à l'âge de 6 ans en 1999 : « La proportion de sujets immuns est insuffisante pour interrompre la transmission. »
Même si le nombre absolu des RCM identifiées chaque année reste faible, « leur persistance aujourd'hui, y compris chez les femmes multipares, apparaît difficilement acceptable dans le contexte français » estiment les auteurs*. Ils rappellent que le vaccin est facilement accessible, qu'il est très efficace et sûr. De plus, la vaccination « est recommandée depuis près de 30 ans pour les adolescents et est promue activement depuis près de 20 ans pour les nourrissons et la vérification de l'immunité antirubéoleuse, obligatoire dans le cadre des examens prénuptial et prénatal ».
Une étude de 1998 sur des sérums prélevés dans la population générale de sept pays d'Europe occidentale a classé la France, avec l'Italie, comme un pays à haut niveau de susceptibilité. Les jeunes, garçons et filles, sont les principaux réservoirs de personnes susceptibles. Les filles surtout, proches de l'âge de procréer, sont la cohorte la plus à risque. Parmi elles, 17 % chez les 10-14 ans et 12 % chez les 15-19 ans n'ont pas bénéficié d'une couverture vaccinale élevée dans l'enfance, ont échappé au rattrapage à 6 ans ou à l'adolescence ou ont grandi dans un environnement où la réduction de l'incidence de la rubéole était faible.
Ces observations mettent en évidence qu'outre « la nécessité d'améliorer et d'homogénéiser dans l'ensemble du pays la couverture vaccinale des nourrissons, le renforcement du rattrapage de la vaccination des jeunes filles et des femmes en âge de procréer non immunes apparaît prioritaire ».
A défaut, de nouvelles bouffées épidémiques d'infections rubéoleuses durant la grossesse sont prévisibles, avec un risque d'IMG et de RCM.
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