Un an après sa mise sur le marché américain, le RU 486 n'est prescrit que par 6 % des gynécologues, selon une étude de la Kaiser Family Foundation. Beaucoup de médecins estiment qu'il est trop cher : un avortement chirurgical coûte en moyenne 400 dollars (2 800 F) alors qu'une IVG induite par la mifépristone revient à 550 dollars.
En outre, la procédure de prescription du RU 486 est compliquée ; elle implique plusieurs visites chez le médecin et la femme qui réclame une IVG doit prendre la mifépristone avec un autre médicament, le misoprostol, dont le fabricant, dans sa communication aux médecins, insiste pour qu'il ne soit pas pris en même temps que le RU 486.
Les associations hostiles à l'avortement constatent de leur côté que le RU 486 n'a pas fait augmenter le nombre d'avortements aux Etats-Unis. Elles approuvent les précautions d'usage ordonnées par la FDA (Food and Drug Administration).
En revanche, les médecins qui pratiquent l'avortement regrettent que le recours au RU 486 ne soit pas plus fréquent. « C'est quand même un excellent moyen de pratiquer un avortement dans le secret le plus complet, sans avoir besoin de se rendre à une clinique surveillée par les associations « pro-life », déclare le Dr Aris Sophocles, de Denver, dans le Colorado. Je suis donc déçu par les résultats statistiques ». Il indique que dans deux cliniques de la région de Denver qui proposent le RU 486, sur 50 à 60 femmes qui réclament une IVG chaque semaine, seulement deux à cinq optent pour le RU.
A Washington, la National Abortion Federation (NAF) se montre plus optimiste. Elle a lancé depuis le début de l'été une campagne de communication auprès des femmes américaines qui va durer jusqu'en novembre et elle espère, grâce aux encarts publicitaires qu'elle fait paraître dans 14 magazines féminins, atteindre 70 % des femmes âgées de 18 à 49 ans. Depuis janvier 2000, la NAF a formé 3 200 soignants à l'administration de la mifépristone et, sur son Numéro Vert, 40 % des appels concernent le RU 486.
« La réaction des professionnels de santé et des femmes à notre campagne est extrêmement positive, affirme Vicki Saporta, directeur exécutif de la NAF. Il ne fait pas de doute que les femmes commencent à comprendre les avantages d'un avortement précoce qui ne nécessite pas d'intervention chirurgicale. Nous avons mis à leur disposition la moitié de nos centres (au nombre de 200) qui proposent le RU 486 en plus des autres méthodes assurant une IVG sans danger. Enfin, notre communication passe aussi par les journaux médicaux : les médecins ne doivent pas omettre de proposer aux femmes demandant une IVG la solution offerte par la mifépristone ».
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