Visite de la candidate PS aux urgences

Royal réaffirme son soutien à l'hôpital public

Publié le 02/05/2007
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UNE SEMAINE après sa qualification pour le second tour de l'élection présidentielle, Ségolène Royal a souhaité se démarquer de son rival Nicolas Sarkozy par une visite de terrain emblématique.

Un dimanche, pour soutenir ceux qui travaillent le week-end. En banlieue, pour montrer qu'elle n'y est pas persona non grata. Et, aux urgences, pour rappeler sa conception du service public hospitalier, qu'elle promet de défendre en y mettant les moyens.

Au début d'avril, Ségolène Royal s'était rendue aux Hospices civils de Lyon (« le Quotidien » du 6 avril). Pour cette visite d'entre-deux tours, son staff a jeté son dévolu sur le centre hospitalier Sud francilien. Un établissement pilote de l'Essonne, issu de la fusion de plusieurs sites, et qui se distingue notamment par une collaboration réussie entre la ville et l'hôpital.

Ségolène Royal arrive à 11 heures. Elle dispose d'une heure avant de rejoindre Canal +, pour l'interview dominicale de Laurence Ferrari. Dans son sillage, des caméras, des micros par dizaines. «Ségolène, présidente!», scandent les jeunes de la cité d'en face, après avoir compris la raison de tout ce cirque. Positif, l'accueil l'est également dans l'enceinte de l'hôpital, où la candidate du PS a voulu découvrir le monde des urgences. «Rien qu'avec une main serrée, le personnel était content», témoigne Yann Bubien, le secrétaire général de l'hôpital. Pour lui, mission réussie : «On a montré qu'on fait des choses bien à l'hôpital public.» Et puis, un coup de projecteur médiatique est toujours le bienvenu.

Accompagnée de ses conseillers et d'élus socialistes, Ségolène Royal a tour à tour visité la plate-forme des appels, un camion du Samu et les urgences. Elle a serré des mains, échangé un mot ou deux, souri beaucoup. Aux caméras, surtout. Le vice-président de la CME, le Dr Alain Jacob, l'a bien remarqué : «Elle est spontanément attachante», dit-il. Un autre a la dent plus dure, qui confesse ne pas l'avoir trouvée sympathique du tout.

Indécis pour le second tour, le Dr Jacob n'a pas été insensible aux propos de la candidate, centrés sur la défense des hôpitaux et de l'égalité dans l'accès aux soins : «Son discours peut me faire basculer.»

Le ralliement du Dr Pelloux.

Contacté par le PS, le très médiatique Patrick Pelloux était de la partie : «Son équipe m'a proposé de l'accompagner, j'ai accepté», explique l'urgentiste de Saint-Antoine, qui préside l'Association des urgentistes de France (Amuf). Comment juge-t-il Royal ? «J'ai voté François Bayrou au 1ertour, mais je pense voter pour elle au second, car ses engagements en faveur de l'hôpital m'ont convaincu», dit-il a posteriori. Et puis, «Nicolas Sarkozy constitue une menace pour la liberté syndicale», ajoute le chef de file de l'Amuf.

Le patron du Samu et du Smur du CH Sud francilien, le Dr Claude Pougès, a accompagné Ségolène Royal une heure durant. Il retiendra «son écoute», «sa curiosité». Sur ses convictions personnelles, il ne dit mot. «Une telle visite ne l'a pas desservie, accepte-t-il de commenter. Elle n'a pas perdu de voix, peut-être même en a-t-elle récoltéquelques-unes.» Le vice-président de la CME, le Dr Jacob, est du même avis : «Son discours est très différent du discours du gouvernement actuel, c'est séduisant.» Séduisant et, à la fois, d'une certaine manière, inquiétant : «Personnellement, je m'interroge: comment s'y prendra-t-elle pour appliquer toutes ses promesses?» Mais, à ce stade, l'heure n'est plus à la vérification de la crédibilité des programmes. «Son discours très fort peut mobiliser des voix de dernière minute dans le monde hospitalier, même si on n'y croit pas trop», glisse le Dr Jacob.

> DELPHINE CHARDON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8159