Rougeole, rubéole, oreillons : l'élimination est possible en France

Publié le 13/01/2002
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La variole, qui a été éradiquée le 8 mai 1980 de la planète, constitue le seul succès de la vaccination. Jusqu'à quand ? Puisqu'il existe aujourd'hui un risque de réintroduction du virus et donc de la maladie. En ce qui concerne la poliomyélite, il y a encore eu 3 500 cas l'an dernier, mais, elle devrait être éliminée en 2005.

Avec le programme élargi de vaccination (PEV), le taux de vaccination est passé de 5 % en 1974 à 80 % en 1990, mais il est redescendu à 74 % en 1999. A l'heure actuelle, 1 enfant sur 4 n'est pas vacciné contre les 6 maladies faisant partie du PEV (rougeole, polio, coqueluche, diphtérie, tétanos et tuberculose). Et le taux de maladies transmissibles reste élevé dans les pays en voie de développement.
« Le monde est considéré comme un village global, mais les protections frontalières n'existent pas et le trafic intercontinental peut facilement introduire la maladie », a expliqué Philippe Duclos (OM, Genève). Il est donc essentiel de maintenir des programmes de surveillance, comme pour la poliomyélite, et une couverture vaccinale.
« En France, a souligné Daniel Levy-Bruhl (Institut de veille sanitaire, Paris), les données de surveillance confirment l'impact indéniable de la vaccination contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la polio et Haemophilus influenzae b.  »

Couverture insuffisante contre le tétanos

Alors que la diphtérie et la polio ont été éliminées grâce à des couvertures infantiles élevées et l'existence d'une immunité de groupe, force est de de constater qu'il n'en est pas de même pour le tétanos, du fait d'une couverture vaccinale insuffisante chez l'adulte, et la coqueluche par l'insuffisance de protection vaccinale. En effet, une résurgence de cette dernière a eu lieu au début des années 1990, des adultes non vaccinés ou anciennement vaccinés ayant contaminé des nourrissons non encore protégés. Ce qui a conduit à la mise en place d'un réseau de surveillance pédiatrique sentinelle dans 42 hôpitaux volontaires depuis 1996 et à l'introduction d'un rappel à l'âge de 11-13 ans.
Théoriquement, il devrait être possible d'éliminer les trois maladies que sont la rougeole, la rubéole et les oreillons. Le vaccin est peu coûteux, efficace (proche de 95 %) et confère une protection de longue durée.

Une deuxième dose et non pas un rappel

Les contre-indications sont exceptionnelles et il n'y a pas de réservoir animal. Pour cela, une seule vaccination ne suffit pas. « Une deuxième dose (et non pas un rappel) permet le rattrapage des échecs vaccinaux primaires (5 à 10 %) et d'obtenir une efficacité supérieure au seuil d'immunité de groupe correspondant à l'arrêt de la transmission », a précisé Nicole Guérin (Paris). Mais il faut également une couverture vaccinale très élevée.
En France, du fait de la stagnation de la couverture vaccinale à 24 mois (< 85 %), les trois virus circulent toujours et les maladies se déplacent vers des tranches d'âge plus élevées, avec une sévérité accrue. D'où la nécessité de recommander la deuxième dose aux parents, qui dans la plupart des cas ne sont pas informés, et de rattraper les grands enfants et les adolescents non vaccinés, ainsi que les jeunes femmes non immunes.

Atelier de vaccinologie organisé par la Fondation Mérieux, avec la collaboration de l'Institut Pasteur (Paris), l'université de Genève, l'université Claude-Bernard Lyon I et l'université libre de Bruxelles, Veyrier du Lac.

Dr Mathilde FERRY

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7043