Epidémiologie

Rougeole, plus de cas, plus de complications

Publié le 26/04/2010
Ironie du calendrier, alors que 2010 devait être l’année de la quasi-disparition de la rougeole en France selon le plan quinquennal lancé en 2005*, les chiffres que vient de diffuser l’InVS** montrent que la circulation du virus n’a jamais été aussi active en métropole depuis plusieurs années. Avec l’apparition de véritables foyers épidémiques dans différents départements et la réapparition de complications que l’on croyait en voie de disparition, la situation devient préoccupante, estiment les autorités sanitaires
bilan de la déclaration obligatoire distribution des cas et taux d'incidence pour 100 000...

bilan de la déclaration obligatoire distribution des cas et taux d'incidence pour 100 000...

Avec déjà 650 cas déclarés pour le seul premier trimestre 2010, contre 1541 pour la totalité de l’année 2009 et 604 en 2008, la rougeole est en pleine rerudescence en France. L’incidence de la maladie est ainsi passée de 0,95 cas /100000 en 2008 à 2,5/100000 en 2009. Les départements les plus touchés en ce début d’année 2010 sont la Vienne, l’Aveyron, le Cantal, la Loire-Atlantique, le Loir-et-Cher, la Haute-Vienne et le Cher: sept départements dans lesquels on dépasse le seuil de 5 cas pour 100 000 habitants.

Cette augmentation de l’incidence va de pair avec une évolution de l’épidémiologie de la rougeole qui touche de plus en plus le petit nourrisson et le jeune adulte. Pour le premier semestre 2010, « les enfants de moins de 1 an représentent près de 10 % des cas déclarés (contre 4% en 2008 et 8% en 2009) et plus d’un tiers (37%) des malades identifiés sont âgés de 20 ans et plus (versus 17 % en 2008 et 23 % en 2009), » indique l’InVS.

Des tranches d’âge touchées plus vulnérables

Pour Françoise Weber, directrice générale de l’InVS, « cette évolution est préoccupante car ces tranches d’âges sont plus exposées au risque de complications que les jeunes enfants traditionnellement touchés ». Pneumopathies et encéphalites reviennent ainsi sur le devant de la scène. En 2009, 2 encéphalites aiguës ont été enregistrées dont 1 mortelle et 90 pneumopathies ont été rapportées. Parallèlement la proportion de patients nécessitant une hospitalisation augmente, ce qui suggère une gravité accrue des cas diagnostiqués. Entre janvier et mars 2010, 38 % de l’ensemble des cas de rougeole et 57% des plus de 20 ans ont été admis à l’hôpital contre 28% et 50% en 2009.

Vaccination : la fin de la lune de miel

Sans surprise, la quasi totalité des cas de rougeoles surviennent chez des patients non ou mal vaccinés. En 2009, l’analyse du statut vaccinal montrait que, parmi les 1 313 cas pour lesquels ce statut était renseigné, 83,5 % n’avaient pas été vaccinés contre la rougeole, 13 % avaient reçu une seule dose, et seulement 2 % avaient été correctement vaccinés.

Un constat qui souligne les lacunes actuelles de la couverture vaccinale en France toujours hétérogène d’un département à l’autre et très insuffisante avec seulement 90% des moins de deux ans vaccinés.

« Pendant une période dite de lune de miel, la vaccination a permis de faire reculer considérablement la rougeole malgré une couverture vaccinale insuffisante mais dans le même temps, la population non vaccinée s’est élargie et nous sommes en train de payer l’addition», résume le Pr Floret, président du comité technique des vaccinations.

*Plan d’élimination de la rougeole et de la rubéole congénitale en France 2005-2010

** InVS, Epidémie de rougeole en France, bilan de situation des cas survenus jusqu’au 31 mars 2010,

Bénédicte Gatin

Source : lequotidiendumedecin.fr