Si en France métropolitaine, les taux de vaccination du nourrisson sont plutôt homogènes d’une région à l’autre pour les vaccins contre l’Hæmophilus, le DTP ou la Coqueluche, « d’importantes disparités régionales sont en revanche notées pour la rougeole et l’hépatite B » indique le Dr Jean-Paul Guthmann, de l’InVS.
Pour la rougeole, les régions du Nord sont généralement mieux vaccinées (autour de 90-95 %) que celles du Sud – et en particulier du Sud-Est – qui affichent des taux plus souvent en dessous de 90 %. Sans surprise, on retrouve « une corrélation entre les taux de couverture les plus bas dans ces territoires et l’incidence des cas de rougeole », souligne le Dr Guthmann.
Pour l’hépatite B, une enquête réalisée en 2005-2006 en grande section de maternelle montre un gradient nord-sud avec 52,3 % des enfants vaccinés (3 doses) en Ile-de-France, 42,5 dans le Centre, 26,6 en Paca, 24,5 en Rhône-Alpes et 21,9 en Midi-Pyrénées.
L’attitude du généraliste peut expliquer en partie ces disparités. « L'enquête Nicolle 2006 avait mis en évidence une opinion moindre des généralistes en faveur de l'obligation vaccinale dans les régions du Sud », précise le Dr Christine Jestin (INPES). Le Baromètre santé médecins généralistes 2009 confirme la tendance avec 73,6 % de médecins « très favorables » aux vaccinations dans le Sud-Est contre 83 % dans le Nord-Ouest. Or « le fait d’être très favorable à la vaccination contre la rougeole impacte le taux de couverture vaccinale ». Par ailleurs, dans les facteurs associés au fait de ne jamais proposer au nourrisson le vaccin hexavalent, vient le fait d’exercer dans le Sud-Est et le Sud-Ouest.
« L’attitude du généraliste est donc l’un des déterminants forts pour expliquer les différences de couverture, résume le Dr Jestin. Cependant, faute d’études qualitatives, on ne sait pas pourquoi les médecins sont plus ou moins favorables aux vaccinations ».
L’Aquitaine expérimente le carnet de vaccination électronique
Récemment, Nora Berra s’est prononcée en faveur d’une simplification du calendrier vaccinal et du passage au carnet de vaccination électronique. L’Aquitaine n’a pas attendu la ministre pour tenter l’aventure et de nombreux médecins de la région expérimentent depuis près d’un an un carnet virtuel élaboré par le Groupe d’études en préventologie (www.mesvaccins.net). «?L’idée est partie de plusieurs constats, analyse le Pr Jean-Louis Koeck*. D’une part, l’emploi du carnet de santé en papier se perd à partir de l’adolescence, d’où une sur-vaccination fréquente. D’autre part, les recommandations vaccinales sont d’une grande complexité et varient avec les avis du HCSP qui les adapte à l’épidémiologie, à l’état des connaissances, etc. La complexité s’accroît aussi car on tient compte de plus en plus du rapport bénéfice/risque, en identifiant des groupes à risque. Très souvent, les recommandations ne sont donc pas appliquées car on les maîtrise mal. Par exemple, la couverture antigrippale chez les patients asthmatiques est plus basse qu’en population générale !?»
Ces raisons ont conduit le GPE à élaborer un calendrier vaccinal électronique accessible aux professionnels de santé et au grand public. Cet outil « va au-delà du simple enregistrement de vaccins » précise le Pr Koeck. Il permet d’intégrer dans les 48 h qui suivent un avis du HCSP tout changement impactant la prescription des vaccins ou leur administration. Des recommandations vaccinales personnalisées en fonction du profil du sujet sont également proposées. Près d’un an après sa mise en service, «1 000 professionnels de santé sont inscrits et 6 000carnets ont été ouverts ».
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