LE DOSSIER médical personnel (DMP), outil clé de la réforme Douste-Blazy de 2004 fondée sur le médecin traitant et le parcours de soins coordonnés, poursuivait discrètement son petit bonhomme de chemin, après le report de son lancement du 1er juillet 2007 à 2008.
Mais la ministre de la Santé a, pour ainsi dire, donné un coup de pied dans la fourmilière en évoquant le sort de ce vaste chantier dans un entretien au journal « le Monde » daté de vendredi. «Le DMP est au point mort, mais je vais le relancer très vite», a annoncé Roselyne Bachelot. «Il est impossible, a-t-elle expliqué, de mener une politique de santé dans ce pays, que ce soit en ville ou à l'hôpital, sans DMP.»
Contacté par « le Quotidien », le groupement d'intérêt public (GIP) chargé du déploiement du DMP n'a pas souhaité s'exprimer, car «il n'est pas de tradition [au GIP-DMP] de commenter la parole du ministre de la Santé».
Il reste que la déclaration de Roselyne Bachelot sur le DMP semble à double tranchant. D'aucuns se féliciteront bien sûr que la nouvelle ministre de tutelle s'empare du DMP et lui redonne une impulsion politique, alors qu'il doit être déployé théoriquement entre 2008 et 2011 (1) et coûter entre 1,2 et 1,5 milliard d'euros sur cinq ans.
Plusieurs étapes franchies.
Pour autant, les acteurs impliqués dans ce chantier resteront peut-être interloqués d'apprendre que ce dernier est «au point mort», au moment précis où le DMP commençait justement à apercevoir le bout d'un (long) tunnel. Les propos de Roselyne Bachelot recueillis par « le Monde » peuvent en effet résonner comme une remise en cause des acquis du GIP-DMP et démobiliser davantage les plus sceptiques.
Même si une série de blocages juridiques et techniques ont eu raison du calendrier politique initial, force est de constater que le DMP a récemment franchi quelques étapes. Après plusieurs faux départs, la procédure de sélection de l'hébergeur de référence (qui assurera un service d'hébergement de base et de sauvegarde en cas de défaillance d'un hébergeur agréé) est maintenant en bonne voie. A la date de clôture de l'appel d'offres, le GIP-DMP a reçu au moins quatre candidatures, dont celles d'Atos Origin, de France Télécom, des groupements Thalès-Cegedim et Sagem-Cerner (« le Quotidien » du 12 juin). L'hébergeur de référence devrait être choisi en septembre, selon le GIP.
Sur le terrain, le GIP-DMP a commencé à subventionner des projets locaux ou régionaux (en Franche-Comté, Limousin et Rhône-Alpes), dans la limite de 20 à 50 % de leur montant, afin de favoriser la création de dossiers médicaux informatisés. L'appel à projets du GIP (totalisant 32 millions d'euros de subventions) consiste à remobiliser les acteurs libéraux et hospitaliers après les expérimentations de 2006, et à préparer l'alimentation d' «un million de DMP» dès le début de la phase de généralisation.
Le GIP vient de mettre en ligne un premier «cadre d'interopérabilité» en vue d'une concertation sur les normes requises pour faire communiquer les logiciels médicaux et les systèmes d'information hospitaliers avec le futur DMP (« le Quotidien » du 22 juin).
Enfin, après la parution du décret sur la confidentialité des données médicales, le DMP attend encore le décret qui fixera ses modalités de fonctionnement. Le texte, en cours de consultation, dresse notamment la liste des professionnels de santé habilités à consulter le DMP et à le modifier, et détaille la règle du jeu du masquage des données sensibles par le détenteur du dossier (fruit d'un compromis entre syndicats médicaux et associations de patients). La parution du décret « DMP » est attendue à la rentrée… à moins que Roselyne Bachelot ne choisisse de le remettre à plat.
(1) Selon le cahier des charges du futur hébergeur de référence.
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