Le gouvernement tente de calmer les esprits des médecins après l'annonce par « le Quotidien » du retour du système de lettres clés flottantes, si d'aventure le projet de loi de financement de la Sécurité sociale était voté tel quel par le Parlement. Ce qui est d'ailleurs loin d'être acquis, si l'on en croit les réactions d'un certain nombre de députés (voir article ci-dessus). Pour les proches de la ministre de la Santé, en tout cas, Roselyne Bachelot n'a en aucun cas donné son aval à ce texte, qui ne reste, répète-t-on au ministère de la Santé, qu'un projet, qu'un ensemble de suggestions et qui n'avaient pas à être diffusées.
Ce qu'a tenu d'ailleurs à confirmer la ministre mercredi après-midi lorsqu'elle a reçu plusieurs représentants des syndicats médicaux à l'occasion d'une rencontre sur la simplification des procédures administratives. La convention, aurait ainsi dit la ministre, est au coeur de nos relations avec les médecins, et il est donc hors de propos de penser que le gouvernement prendrait des décisions unilatérales. Un gouvernement qui fait toute confiance aux partenaires conventionnels pour trouver un accord, indique-t-on du côté du ministère de la Santé et de l'hôtel Matignon, où l'on veut absolument rassurer les médecins.
D'autant que le sondage publié lundi dernier par « le Quotidien », et qui faisait apparaître une baisse sensible de la cote de la ministre de la Santé auprès du corps médical et la déception de ces mêmes médecins concernant la politique menée par le gouvernement et le président de la République en matière de santé et de protection sociale, a été lu avec attention et a déçu.
Il reste cependant que Roselyne Bachelot n'a pas clairement affirmé, semble-t-il, que les textes contestés seraient retirés du projet de loi. Ce qui laisse évidemment un certain nombre de responsables d'organisation médicale dans la crainte et dans le doute. Une clarification s'impose donc.
Car, du côté des syndicats médicaux, la menace d'un retour en force de la maîtrise comptable est prise au sérieux.
Ainsi, l'Union nationale des médecins spécialistes (UMESPE-CSMF) s'indigne de la volonté du gouvernement de faire disparaître la commission de hiérarchisation des actes (CHAP) et de son intention «de faire varier la tarification des actes médicaux en fonction des besoins comptables de l'État». «Faire disparaître cette commission, c'est revenir à l'ancien système reposant sur des avis de quelques grands experts et des copains qui a conduit aux aberrations NGAP», affirme l'UMESPE. Le syndicat s'étonne de la volonté du gouvernement de mettre en place des lettres clés flottantes. Attention, met-il en garde, à ne pas «reprendre les vieilles recettes de Martine Aubry de 1997».
Les généralistes de la CSMF (UNOF) soulignent, quant à eux, que cette mesure avait déjà été appliquée en 1996 et que les «médecins avaient été pénalisés financièrement». «La maîtrise comptable alors en place avait entraîné une inflation des dépenses et n'avait rien maîtrisé», souligne le syndicat.
La ministre de la Santé qui participe vendredi à l'Université d'été du Syndicat des médecins libéraux à Oppio, dans les Alpes-Maritimes, puis la semaine prochaine à celle de la CSMF à Cannes, dans le même département, aura là deux occasions rêvées pour dissiper les craintes des médecins. Mais ils ne se contenteront sans doute pas de simples promesses.
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