POUR SON DEUXIÈME long métrage (le premier, « Bord de mer », ayant remporté le convoité prix de la Caméra d’or, à Cannes), Julie Lopes Curval a voulu parler de sa génération, les trentenaires, et des «schémas dont les femmes sont toujours un peu victimes». Elle a imaginé deux demi-soeurs (elles sont très différentes) et leurs rêves d’amour.
Ariane est scénariste de romans-photos tandis que Lena est violoncelliste. Ariane s’inspire de ce qu’elle vit, ou fantasme, et des confidences de sa soeur pour écrire ses textes. C’est l’idée amusante du film : la réalisatrice met en scène ces images dans lesquelles les protagonistes n’expriment que des sentiments à l’eau de rose et qui ont pour seul ressort la quête du prince charmant.
Mais peut-être Julie Lopes Curval aurait-elle dû mettre un peu plus de différences entre la vie réelle et le roman-photo.
Ariane court après un homme qui n’est pas insensible à ses charmes mais ne veut pas s’engager. Lena s’ennuie dans son couple. Chacune va rencontrer un autre homme, une autre possibilité romanesque. Deux femmes, quatre hommes, donc beaucoup de possibilités, qu’il aurait été souhaitable d’exploiter avec plus de subtilité. C’est comme si le rose bonbon du roman-photo contaminait le reste du film. Du coup, les frustrations de l’une ou de l’autre, leur tristesse n’émeuvent guère. En restant sur le plan de l’imaginaire et de la fantaisie, la cinéaste nous lasse un peu.
Même si l’on apprécie beaucoup ses interprètes. Julie Depardieu aime bien jouer les nunuches, voilà une bonne occasion. Marion Cotillard est toujours subtile et surnage juste dans le sirop. Jonathan Zaccaï, Eric Berger, Tomer Sisley, Sergio Peris Mencheta font ce qu’il faut, de même que l’irrésistible Chantal Lauby.
« Toi & Moi » est un gentil divertissement, que les filles de 30 ans ne manqueront pas d’apprécier.
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