« La rosacée touche 4 millions de personnes en France, et 4 patients sur 5 ignorent encore leur diagnostic, signale le Dr Jacques Savary, dermatologue à Paris. En tant que maladie chronique affectant le visage, elle entraîne un repli sur soi du patient, et des répercussions sociales et professionnelles. De plus, les patients, surtout après 45 ans, souffrent de la connotation avec l'alcoolisme. »
En plus des données connues (phototype clair, prédominance féminine, caractère familial, exposition aux variations thermiques), le Pr Bernard Cribier, chef du service de dermatologie au CHRU de Strasbourg, a fait le point sur les nouveautés dans la physiopathologie de la rosacée. « Les deux éléments fondamentaux sont la composante vasculaire mais aussi inflammatoire de la maladie » souligne-t-il.
Immunité innée
« On note une association significative entre rosacée et migraine, et une protection par le tabagisme (à l'effet vasoconstricteur connu). Une anomalie primitive de la veine faciale, signe d'un dysfonctionnement vasculaire, a aussi été mise en évidence. Par ailleurs, les patients sont sujets à une hypersensibilité faciale, avec sensation de brûlures à l'application de nombreux topiques. Je leur signale ainsi que ce n'est pas le métronidazole qui entraîne une réaction à l'application mais le simple fait de mettre quelque chose sur leur visage. » ajote le spécialiste. L'immunité innée semble aussi en cause. Le TLR2 (toll like receptor) voit ainsi son expression augmenter dans la rosacée, ce qui pourrait entraîner une exacerbation des réponses inflammatoires.
Enfin, il existe une colonisation accrue par Demodex folliculorum chez les patients atteints de rosacée... même si la maladie reste présente même après traitement de ces parasites. Les bactéries qu'il transporte (Bacillus olerinius en particulier) pourraient être en cause. Une meilleure connaissance de la physiopathologie de la rosacée peut fournir de nouvelles cibles thérapeutiques dans cette maladie stigmatisante.
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