DE NOTRE ENVOYE SPECIAL
LA FÉDÉRATION des médecins de France (FMF) a organisé vendredi, samedi et dimanche, ses 4es Tribunes libérales à Juan-les-Pins, dans les Alpes-Maritimes.
Si beaucoup de médecins FMF ont dû renoncer à s'y rendre en raison des difficultés de transport liées aux grèves, les travaux se sont néanmoins déroulés dans une ambiance amicalement studieuse, et en présence d'invités extérieurs, comme le Dr Martial Olivier-Koehret, président de MG-France, et du Dr Claude Bronner, président d'Espace Généraliste. Le tout constituant comme un rassemblement des syndicats non signataires de la convention.
Comme l'indiquait le Dr Jean-Claude Régi, président de la FMF, dans son discours introductif, ces tribunes libérales étaient placées sous le thème «rompre avec le passé, préparer l'avenir». Dans la rubrique «passé», Jean-Claude Régi rangeait naturellement la convention médicale, accusée de n'avoir «guère servi les patients ni l'équilibre des comptes», et d'avoir «empêtré les médecins», de les avoir «soumis à des obligations administratives et à des contraintes nouvelles».
Quant à «préparer l'avenir», la FMF a largement exposé au cours de ces tribunes libérales un certain nombre de propositions, de réflexions et de réalisations, notamment issues des URML dirigées par la FMF.
C'est ainsi que le Dr Benoît Feger, président de l'URML de Bretagne, est venu exposer son concept de pôle de santé libéral pluridisciplinaire. A la différence des maisons de santé pluridisciplinaires, prônées notamment par le rapport Juilhard, les pôles de santé se veulent, avant d'être un regroupement de professionnels de santé sous un même toit, un regroupement de professionnels portant un projet professionnel commun, sur un territoire donné, qui permette de «mieux prendre en compte les besoins de la population, de créer une dynamique locale, de consolider l'existant, et d'attirer les jeunes confrères». Ce projet, qui sous-entend naturellement le développement de la coopération entre les différents professionnels de santé, médicaux ou paramédicaux, doit «assurer également une prise en charge globale de la santé incluant, outre les soins, la prévention et l'éducation thérapeutique, articulées avec les dispositifs sociaux et l'offre de soins spécialisée». Ce qui peut permettre aux professionnels de santé impliqués dans le projet de bénéficier, outre les modes de rémunération habituels, de contrats avec l'assurance-maladie portant sur des objectifs de santé publique évalués.
L'expérience originale du Nord Pas-de-Calais.
Pour l'URML de Bretagne, le «pays», c'est-à-dire un bassin de vie cohérent, qui n'épouse pas nécessairement les contours administratifs d'une commune ou d'un canton, constituerait la base pertinente de ces unités sanitaires.
Ce n'est qu'une fois le projet et le bassin de vie définis que la troisième étape, à savoir le regroupement physique des professionnels de santé, peut être envisagée. Mais pour le Dr Feger, il est possible d'imaginer ces projets sans l'étape ultime du regroupement, car le travail en réseau peut suffire à mener à bien le projet professionnel commun. De la même manière, le regroupement physique ne doit pas empêcher tel ou tel de conserver son cabinet, qui peut devenir un cabinet secondaire où il exercera à temps partiel. L'idée directrice étant de mener à bien ce projet professionnel, de travailler en réseau, de permettre la délégation des tâches, d'optimiser le temps professionnel, de coordonner les soins, de rompre l'isolement, de mutualiser les moyens, de disposer éventuellement de dossiers médicaux partagés par l'ensemble des professionnels, autant d'atouts dont l'absence dissuade beaucoup de professionnels de santé de s'installer en zones déficitaires. Une vingtaine de projets seraient actuellement en cours de réalisation en Bretagne.
Sur tous ces points, l'URML de Bretagne propose son aide et son expertise à tous les professionnels de santé intéressés, ainsi que des renseignements sur les aides financières disponibles, tant de la part du FICQS (Fonds d'intervention pour la qualité et la coordination des soins) que de l'assurance-maladie.
Mais d'autres thèmes ont été abordés au cours de ce tour d'horizon des réalisations des URML. Comme celle du Nord - Pas-de-Calais, qui salarie cinq «attachés d'information» qui délivrent aux professionnels de santé de la région des informations relatives aux actions de santé publique menées par l'URML, comme le dépistage des troubles du langage chez l'enfant, le dépistage des cancers féminins, ou le syndrome d'alcoolisation foetale. Pour Jean-Marc Rehby, président de l'URML, «ces visites permettent une adhésion beaucoup plus grande des médecins aux actions que nous menons». Ces attachés d'information, titulaires d'un diplôme de visiteur médical, coûtent 200 000 euros en rythme annuel à l'URML.
Enfin, l'URML Rhône-Alpes a mis en ligne sur son site la liste complète de l'ensemble des aides à l'installation disponibles.
En clôture de cette réunion, le Dr Régi a annoncé qu'une assemblée générale extraordinaire de la FMF aurait lieu à Paris le 16 décembre.
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