ON ATTENDAIT le retour de ce « Lohengrin » réalisé sur la colline sacrée par le cinéaste Werner Herzog en 1990, déjà publié sur laservideodisc, non pour sa distribution, correcte pour l'époque mais inégale, mais parce qu'il venait comme une bouffée d'oxygène avec un retour à une imagerie quasi naïve en pleine décadence artistique du festival.
Doyen du cinéma allemand de l'après-guerre, Werner Herzog (« Aguirre », « Fitzcarraldo ») n'essaie pas de truquer avec ses acteurs, il sait qu'ils sont des acteurs d'opéra avec leurs handicaps scéniques, mais tire partie de leur relatif statisme, s'attachant plus à jouer de leurs expressions.
Les décors d'Henning von Gierke jouent le Moyen Âge tardif épuré avec de somptueux costumes.
Herzog utilise les possibilités techniques de ce théâtre suré-quipé (laser pour figurer l'arrivée du cygne). L'atmosphère d'hiver au soleil glacé du Brabant, comme la nuit lunaire qui abrite les conspirateurs, tout y est d'un romantisme superbement contrôlé. Herzog laisse planer sur la fin de l'opéra un doute intelligent. On est loin de la dramaturgie conceptuelle qui fait encore aujourd'hui des ravages sur les scènes lyriques.
Parmi les interprètes, on ne louera que l'Elsa de Cheryl Studer, une prestation de sa meilleure époque, et les somptueux choeurs du Festival de Bayreuth préparés par Norbert Balatsch.
Plus moderne, mais exemple parfait de ce que peut être une modernité acceptable aujourd'hui (bien que la référence à Wieland Wagner y soit évidente) est la plus récente production réalisée en 2006 au jeune festival de Baden-Baden par Nikolaus Lenhoff.
Les deux protagonistes sont parmi les meilleurs chanteurs wagnériens du moment : Waltraud Meier (grande Isolde, immense Kundry), superbe Ortrud dont les imprécations aux dieux anciens donnent froid dans le dos, et Klaus Florian Vogt, dont l'adéquation du physique exceptionnel et de la voix au timbre quasi enfantin et aux moyens considérables est parfaite pour le rôle-titre qu'il a tenu avec un succès énorme lors de la dernière saison à la salle Pleyel (voir « le Quotidien » du 18 février 2008). Kent Nagano dirige le Deutsche Symphonie Orchester : un spectacle mémorable.
1) 2 DVD Deutsche Grammophon/Universal.
2) 2 DVD Opus Arte Codaex.
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