Sur une population totale en France estimée entre 3 000 et 5 000, ils sont « environ 1 500 », selon le rapport de MdM et de la FIDH, à avoir été expulsés, en application de la politique de fermeté appliquée depuis plus d'un an par la France, pour les chasser des terrains vagues qu'ils squattent dans des conditions sanitaires déplorables, dans les banlieues de Lyon, Lille ou Paris. Les représentants des deux associations ont rencontré en Roumanie vingt et un d'entre eux, leurs familles, ainsi que des représentants de différentes institutions.
Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, s'était lui-même rendu en Roumanie en août 2002, pour signer un accord contre l'immigration clandestine, et une information avait été lancée dans la foulée auprès des Rom sur l'aide au retour.
Cette aide, fixée à 153 euros, n'aurait été acceptée que par « moins de dix » Rom ; trois d'entre eux ont été retrouvés par les auteurs du rapport, qui ont dû payer, avec la somme remise, leur billet pour retourner dans leur village, sans qu'aucune aide ne leur soit versée à leur arrivée.
Au lieu de trouver sur place assistance et réconfort, ces expulsés auraient en fait fréquemment vécu leur arrivée au pays comme « une vexation supplémentaire ». Ils sont accusés de porter atteinte à l'image de la Roumanie et sont traités comme des délinquants, leurs passeports leur étant retirés pour des durées plus ou moins prolongées.
Pas d'aide médicale gratuite
Ces expulsés disposent théoriquement de l'aide médicale gratuite, mais le rapport constate qu'ils n'en bénéficient pas en pratique. Manifestement, il leur est impossible de trouver en Roumanie des ressources comparables à celles qu'ils avaient en France par la mendicité ou des emplois non déclarés. Tous connaissent donc une situation de grande pauvreté, sans travail salarié, avec des revenus dérisoires liés à quelques rares journées de travail agricole.
Certes, note le rapport, on observe de la part du gouvernement « une prise de conscience des problèmes liés aux discriminations envers la minorité rom », mais les mesures prises en leur faveur, si elles vont dans le bon sens, ne sont « pas réellement effectives ».
Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que l'obsession manifestée par les familles rentrées en Roumanie soit de revenir en France.
MdM et la FIDH demandent donc au gouvernement français de réexaminer les situations individuelles des Rom, en tenant en particulier compte de l'ancienneté de leur présence en France ; des « visas saisonniers », suggèrent les associations, pourraient être créés qui leur permettrait de séjourner à nouveau dans l'Hexagone. Pour peu que le gouvernement roumain, de son côté, accepte de revenir sur la sanction de confiscation des passeports et qu'il se décide à lutter sur le terrain contre les discriminations dont souffrent les Rom.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature