JAZZ-ROCK
Par Didier Pennequin
M ILLE NEUF CENT SOIXANTE DIX : les Beatles se séparent. 1972 : Paul McCartney, âgé de 29 ans, monte le groupe The Wings, avec la pianiste Linda Eastman, sa future femme, et entame une seconde carrière qui va durer jusqu'en 1980. Une carrière résumée aujourd'hui avec la parution de « Wingspan - Hits & History » (Parlophone/EMI), un double CD, réunissant les plus grands succès de cette formation emblématique d'une décennie.
Musicien très opiniâtre à l'inverse de ses trois ex-compagnons, Paul McCartney, devenu sir Paul depuis 1997, ne pouvait rester sur un sentiment de doute. Wings sera sa réponse. Avec son épouse Linda, morte d'un cancer en avril 1998, et Denny Laine (guitare), ex-membre des Moody Blues, qui formeront la colonne vertébrale du groupe, il se lance dans une nouvelle aventure, qui connaîtra un succès quasi immédiat grâce à des tubes comme « Listen to What The Man Said » ou « Band on Then Run ». En fait, entre 1973 et 1976, l'ex-Beatles et les Wings vont réussir à classer pas moins de cinq albums dans les charts américains. Le groupe va connaître beaucoup de changements au cours de sa longévité, sans jamais changer cependant la coloration musicale voulue par son leader.
Poésie folk-rock
Il y a quelques semaines, le monde du rock fêtait les 60 ans de Robert Allan Zimmerman, aliasBob Dylan, le père de la poésie folk-rock moderne. A cette occasion, un double CD intitulé « The Essential Bob Dylan » (Columbia) a été publié en France, reprenant tous les grands et premiers succès d'un personnage unique qui contribua, en son temps, à relever la conscience de l'Amérique et d'une partie de sa jeunesse. De « Blowin' in The Wind » (1962), extrait du premier album du poète « The Freewheelin' Bob Dylan », à certaines versions très électriques qui déclenchèrent des volées de bois vert de la part des puristes, ce florilège rassemble énormément de souvenirs musicaux liés à une période de contestation et d'engagements.
Toujours au chapitre des souvenirs, l'amateur d'authentique soul music pourra faire un grand bond dans le temps avec la reparution en France de disques emblématiques de deux labels noirs américains Stax et Tamla Motown, regroupant des groupes aussi mythiques que The Temptations, par exemple, créateurs d'un tube indémodable « Papa Was a Rolling Stone » (1972).
Le jazz du Tout-Paris
D EUXIEME vague de rééditions dans la très belle collection Jazz In Paris (Gitanes Jazz Productions/Universal), dirigée par Daniel Richard, avec 22 nouvelles références venant compléter une cinquantaine d'albums parus à l'automne 2000.
La présentation est la même que pour la livraison précédente : des CD édités en digipack (carton), avec des photos très nostalgiques du Paris des années 1950-1960 et surtout des jazzmen emblématiques et charismatiques de toute une époque révolue.
Cette nouvelle traversée de Paris en jazz offre la possibilité de retrouver pour la première fois en CD plusieurs enregistrements jusqu'ici inédits dans ce format. Ainsi, celui tout à fait exceptionnel et rare du guitariste français Henri Crolla (1920-1960), intitulé « Notre ami Django » (1958, avec Stéphane Grappelli au violon), en hommage à celui qui l'initia à la guitare. Enfant de la porte de Choisy, à Paris, Henri Crolla était surtout connu pour des musiques de films et pour avoir accompagné Yves Montand.
Autre pièce, « Pentacostal Feeling » (1966), de l'organiste Lou Bennett (1926-1997), qui fut fortement influencé à ses débuts par Jimmy Smith ou Willie « The Lion » Smith, que l'on retrouve avec notamment René Thomas (guitare), Kenny Clarke (batterie) et Donald Byrd (trompette).
Willie « The Lion » Smith, (1897-1973), justement, que l'on peut réentendre en solo et au chant dans « Music on my Mind » (1965), avec, en prime, deux titres inédits. Autre première, enfin, le pianiste français Bernard Peiffer (1922-1976), dans « la Vie en rose » (1952-1953, avec deux titres inédits), dont le style musclé et lyrique puisait très fortement dans celui de Erroll Garner.
En marge de ces raretés, figurent aussi des merveilles comme « Cognac Blues » de Dizzy Gillespie (1952-1953), « Plays Standards » de Chet Baker (1955), « Mai 1956 » de Lionel Hampton, le pianiste français René Urtreger dans « Joue Bud Powell » (1955), et le big band de Raymond Fol pour une reprise « Les 4 saisons » (1965), le batteur Art Blakey et ses Jazz Messengers pour « 1958 Paris Olympia », et le Jazz Groupe de Paris interprétant des uvres d'André Hodeir (1956).
Les musiques du monde à la Villette et à Vienne
« LA Villette Jazz Festival » à Paris et « Jazz à Vienne » à Vienne (Isère) lancent traditionnellement la saison d'été des festivals de jazz.
L E jazz sud-africain sera à l'honneur au 6e La Villette Jazz Festival de Paris (1), du 29 juin au 8 juillet ,avec deux vétérans du genre : le pianiste Abdullah Ibrahim (ex-Dollar Brand) et le trompettiste Hugh Masekela. Autre jazzman sud-africain invité, le saxophoniste Zim Ngqawana, 42 ans. Le saxophoniste Laurent Dehors et sa fanfare, ainsi qu'un autre saxophoniste, David Murray et son World Saxophone Quartet, rendront également un hommage à l'Afrique du Sud moderne. Les autres temps forts de la manifestation seront notamment la réunion d'un duo inédit entre le légendaire pianiste Kenny Barron et la toute jeune violoniste Regina Carter (1er juillet), la vocaliste Dianne Reeves dans un hommage à Sarah Vaughan (29 juin), le quintette Five Elements de Steve Coleman (saxos, 30 juin) et les pianistes Ahmad Jamal et Paul Bley (1er juillet). Sans oublier la présence de très nombreux jazzmen français et européens, dont le toujours très free saxophoniste hongrois Akosh.
Du jazz avant tout
Pluie d'étoiles pour la 21e édition de Jazz à Vienne (2), du 29 juin au 13 juillet, qui fera aussi la part - belle et très tendance - aux musiques du monde. Fort heureusement, le jazz conserve une place de choix et primordiale grâce à la programmation, notamment, du saxophoniste Wayne Shorter (10 juillet), qui effectue en quartette un retour dans les festivals estivaux après plusieurs années d'absence, des pianistes Ahmad Jamal (10 juillet), Brad Mehldau (11 juillet) et du claviériste Herbie Hancock à la tête d'une formation d'électro-jazz Future 2 Future (9 juillet), des vétérans de la contrebasse Ray Brown, 75 ans, (3 juillet) et de l'harmonica, Toots Thielemans (11 juillet), plus une belle brochette de chanteuses avec Dee Dee Bridgewater (3 juillet), Dianne Reeves (7 juillet) et Rachelle Ferrell (12 juillet). Enfin, si un soirée entière sera consacrée aux jazzmen français avec Michel Portal, Eddy Louiss et Didier Lockwood (2 juillet), ou au blues avec Mighty Mo Rodgers (4 juillet), l'ouverture du festival se fera aux accents de Claude Nougaro (29 juin), et la clôture avec le mariage des musiques voisines.
(1) Tél. 01.40.03.75.75.
(2) Tél. 0.892.707.007.
BLOC-NOTES
Marcus Miller
« Mr Bassman » est de retour aux affaires. Celui qui fut le mentor de Miles Davis durant les dernières années de sa vie - on lui doit l'immortel « Tutu » - reprend du service. Après la sortie voilà quelques semaines d'un CD très funky, « M2 » (Dreyfus Jazz), enregistré en studio avec notamment Herbie Hancock, Chaka Khan, Maceo Parker et Wayne Shorter comme invités de marque, Marcus Miller, 42 ans, virtuose de la basse électrique, multi-instrumentiste et sorcier des rythmes fous, sera en France pour une minisérie de concerts. Absolument immanquable.
Paris, Bataclan, 27 juin à 20 h 30. Vienne. Jazz à Vienne, 12 juillet. Jazz à Juan, Antibes/Juan-les-Pins, 18 juillet.
Festival All stars
Le père du rap, Gil Scott Heron, les saxophonistes James Carter, Joe Lovano, Branford Marsalis, le trompettiste emblématique Freddie Hubbard, les pianistes Monty Alexander, Eddie Palmieri, la chanteuse Patricia Barber, les guitaristes John Scofield, Larry Carlton, les bluesmen/women Melvin Taylor, Sly & Jimmy Johnson, Marva Wright, notamment, forment la programmation du festival All Stars qui profite chaque année des tournées estivales pour s'installer en club à Paris.
Paris, New Morning (01.45.232.51.41), u 29 juin au 3 août, 21 h 30.
Tribute to the American Singers in Paris
Initiative originale pour permettre d'entendre la fine fleur du jazz vocal américain installée dans la capitale. Au programme, des personnalités reconnues - Joe Lee Wilson, Michèle Hendricks, Allen Hoist - et d'autres à découvrir comme Sara Lazarus, Larry Browne ou Sylvia Howard.
Paris, Sunside (01.40.26.21.25), du 29 juin au 7 juillet, 21 h.
Claude Nougaro
Le chanteur toulousain, dont le dernier CD, « Embarquement immédiat » (EMI), a connu un très franc succès auprès de tous les publics, est brièvement de retour sur une scène parisienne avant la traditionnelle tournée d'été qui le mènera notamment au Festival de jazz à Vienne.
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 26 & 27 juin, 20 h 30.
Madonna
Madonna Louise Cicone, qui fêtera ses 43 ans en août prochain, a entrepris une grande tournée européenne, entamée le 5 juin dernier à Cologne (Allemagne). La sulfureuse et scandaleuse chanteuse des années quatre-vingt-dix fera une halte à Paris pour quatre soirées. Fans et inconditionnels : attention au prix des billets au marché noir.
Paris, Bercy, 26, 27, 29 et 30 juin, 21 h.
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