AVEC 54 NOUVEAUX principes actifs et 58 indications complémentaires en développement, on ne peut pas dire que la R&D se porte mal. Toutefois, comme l'ont précisé Jean-Jacques Garaud et Sophie Kornowski-Bonnet, respectivement directeur monde du développement Hoffmann-La Roche Ltd et présidente Roche SAS France, leur groupe a décidé de transformer radicalement son modèle de R&D, prenant en compte le ralentissement actuel de l'innovation pharmaceutique.
La hantise des responsables de la R&D est le taux d'attrition du portefeuille de produits en développement, autrement dit le pourcentage de molécules dont le développement est interrompu. En sachant que plus cette interruption est tardive, plus elle est coûteuse. Comme le souligne Jean-Jacques Garaud, la moitié du taux d'attrition observé en phase III correspond à une efficacité insuffisante du produit et près du tiers est lié à des problèmes de tolérance. Autrement dit, trop de produits entrent en phase III sans avoir été suffisamment étudiés.
Diminuer le taux d'attrition.
Dès lors, la diminution du taux d'attrition devient une priorité, ce qui passe par l'arrêt des composés non compétitifs plus tôt, idéalement en phase I. Cela impose d'établir un meilleur profil des composés plus tôt, d'améliorer la conception des études cliniques, de développer des outils d'aide à la décision précis et, ajoute Jean-Jacques Garaud, d'encourager la prise de parole et permettre aux collaborateurs tant internes qu'externes de donner leur avis sur les décisions au sujet du portfolio.
Dans cette perspective, Roche a transformé radicalement l'organisation de sa R&D, dans cinq domaines thérapeutiques prioritaires : oncologie, virologie, maladies inflammatoires, métabolisme et SNC. Chacune de ces divisions sera dirigée par une équipe transfonctionnelle comportant des collaborateurs dans quatre secteurs : recherche, recherche clinique et développement précoce, développement clinique et marketing stratégique. Les cinq équipes rapportant au Strategic Portfolio Committee qui rassemble les cadres dirigeants de la division Pharma.
Les quatre pieds de la R&D classique étaient la pharmacologie clinique, la toxicologie, la recherche clinique et le marketing. Aujourd'hui, la recherche de l'innovation reposera sur quatre éléments : la médecine translationnelle (pour assurer un design sur mesure), la biologie systémique (pour comprendre la complexité), la modélisation et la simulation, et les biomarqueurs.
Derrière ces termes obscurs (pour beaucoup), le modèle choisi par Roche implique une approche multidisciplinaire complètement intégrée et collaborative, un processus décisionnel continu et décentralisé et, surtout, l'utilisation précoce des technologies de pointe, à commencer par les biomarqueurs. Ces derniers seront recherchés et développés lors des phases de découverte et d'explorations des molécules et, chaque fois que cela sera possible, la phase de confirmation s'accompagnera du codéveloppement d'outils diagnostiques. A terme, Roche estime que le quart au moins de ces nouveaux produits seront accompagnés d'outils diagnostiques.
Le modèle Roche (qui ne s'applique pas à Genentech et à Chugaï) joue donc la carte de la transversalité et de l'utilisation précoces des technologies de pointe afin «d'avoir beaucoup plus de candidats en phaseI et moins de déception en phaseIII».
La France bien placée
Même si la France n'abrite aucun des sièges des cinq domaines thérapeutiques de Roche (trois sont aux Etats-Unis et deux à Bâle), elle occupe une place importante dans la R&D du groupe : essais (13) de phase I chez le sujet sain, réalisés par l'institut de pharmacologie clinique de Strasbourg ; 55 études de phase I à III, menées dans 507 centres et incluant 2 280 patients ; 196 de phase IV ou pharmaco-économiques (9 056 centres, incluant 28 626 patients).
A cela s'ajoutent les alliances avec Transgene (vaccin thérapeutique HPV) et IPSEN (antidiabétiques GLP-1).
Rappelons que Roche France est le sixième laboratoire pour les produits éthiques (le premier à l'hôpital et le onzième, seulement, en ville).
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