Robin-des-banlieues

Publié le 16/10/2009
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Faut-il soutenir le docteur Poupardin ? Depuis quelques jours, une pétition circule pour mobiliser la profession autour de ce médecin généraliste du Val-de-Marne, coupable de n’utiliser que la partie haute de l’ordonnancier bizone… et de le revendiquer, au nom de l’accès de tous ses malades aux traitements ! Il y a du Robin-des-Bois dans ce bon docteur de Vitry que France Info présentait en début de semaine comme « trop généreux » vis-à-vis de ses patients. A la veille d’une Journée mondiale du refus de la misère qui rappelle que la France a encore bien du chemin à faire de ce côté-là, difficile en effet de ne pas trouver sympathique, ce confrère qui soigne les pauvres avec l’argent des autres. Et qui met le doigt sur les failles de notre système de soins.

Certes, vos représentants syndicaux demeurent prudents à son égard. On peut les comprendre. Voilà un confrère hors-la-loi qui se soucie comme d’une guigne de la réglementation sur les ALD : un système qui coûte pourtant une fortune à la collectivité. Alors que reprennent les négociations sur la convention, difficile donc de le montrer en exemple. Dans le contexte actuel, on comprend aussi que la Sécu s’émeuve, car on n’ose imaginer les conséquences pour les finances sociales si 55 000 médecins généralistes se mettaient à leur tour à s’affranchir des règles de prise en charge des affections de longue durée... L’affaire ne doit d’ailleurs pas nous faire oublier que le système de soins Français reste l’un des plus généreux du monde. En cette fin d’année 2009, les dix ans de la CMU sont là pour nous le rappeler.

Alors, indéfendable l’insurgé du Val-de-Marne ? Peut-être. Mais en même temps tellement emblématique du positionnement complexe d’une profession si souvent coincée entre le marteau et l’enclume. Car, tout le monde en convient, cet ordonnancier bizone imaginé par Philippe Seguin est tout sauf un monument de logique. On peut le justifier pour des raisons d’économie, mais il y aurait beaucoup à dire sur son bien fondé tant social que médical. Didier Poupardin dénonce une « répartition arbitraire et impossible » entre le haut et le bas de l’ordonnancier bizone. Qui pourrait le contredire ? Sûrement pas les centaines de confrères qui ont eu maille à partir avec la Sécu depuis vingt cinq ans…


Source : lequotidiendumedecin.fr