MULHOUSE
Robert Doisneau est devenu le regard universel, tendre et espiègle, posé sur une époque où le monde vivait encore en noir et blanc, dans l’effort et la gaieté. On le retrouve sous un angle moins connu, à la Filature, Scène nationale de Mulhouse, où une centaine de ses photos inédites sur l’Alsace de l’été 1945 sont exposées. Paysages de forêts sauvages, splendeurs d’architecture (ici la cathédrale de Strasbourg), et déjà - il n’a alors que 33 ans - des silhouettes d’enfant et de vieillards saisis au vif, témoignant d’une douleur laissée par la guerre et d’un grand appétit d’être. Des images pures et superbes. Le grain Doisneau et cette façon de faire entrer la réalité dans la légende, de donner une densité à chaque détail sont là. Un témoignage émouvant et bien vivant de celui qui disait « s’obstiner à arrêter le temps qui fuit ».
°La Filature, 20, allée Nathan Katz, tél. 03.89. 36.28.28, jusqu’au 11 janvier. À voir aussi : l’exposition de tirages modernes de Doisneau en Alsace, à la Maison de la Région de Strasbourg (jusqu’au 30 janvier). À lire : « Un voyage en Alsace, 1945 - Robert Doisneau », éd. Flammarion, 30 euros
SAINT-GERMAIN-EN-LAYE
Paul et André Vera
Les deux frères Paul (1882-1957) et André (1881-1971) Vera ont joué un rôle particulièrement important dans la diffusion des arts décoratifs de l’entre-deux-guerres. Leurs créations, respectueuses du passé et des traditions, et pourtant volontiers avant-gardistes et audacieuses, s’appuyèrent sur le manifeste du « Nouveau Style » de 1912 : un nouvel art décoratif, fondé sur la raison et la simplicité. Paul fut un peintre décorateur (notre photo, projet de décoration « la Jardinière au semis ») et André un théoricien des jardins. Quelque 250 uvres des frères Vera sont réunies ici : papiers peints, objets d’art, peintures, sculptures, céramiques, tapisseries. Une passionnante découverte.
Espace Paul et André Ver, 2, rue Henri IV, tél. 01.34.51.05.12. Jusqu’au 11 janvier 2009.
PARIS
Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis
On l’appelait Séraphine de Senlis, du nom de sa ville natale. Ou encore Séraphine, tout simplement. D’abord bergère, Séraphine (1864-1942) travaille comme domestique et, autodidacte, réalise à la bougie, dans un grand isolement, avec fougue et passion, des dizaines de toiles, fabriquant ses couleurs elle-même. En rupture avec la société et la norme, Séraphine refusa toute forme de système et d’académisme. Elle pensa par elle-même, créa par elle-même, mue par des pulsions inventives abondantes, obéissant à ses délires, à ses visions et hallucinations, ou à des nostalgies d’enfance. Ces compositions florales, que l’on range aujourd’hui dans la catégorie d’art naïf, retinrent l’attention du collectionneur allemand Wilhelm Uhde, installé à Senlis, qui découvrit ses peintures et lui apporta son soutien. Séraphine sombra dans la folie, et on l'interna pour « psychose chronique » en 1932, dix ans avant sa mort. Le film de Martin Provost et l’exposition du musée Maillol retracent la vie et l’uvre de cette artiste à l’immense force d’expression.
Musée Maillol, 61, rue de Grenelle, 7 e. Tél. 01.42.22.59.58. Jusqu’au 5 janvier.
Marcel Damboise
La galerie Malaquais présente une quarantaine de sculptures de Marcel Damboise (1903-1992), nymphes callipyges, femmes endormies et autres bustes d’adolescentes. En bronze, en marbre ou en terre cuite, ces uvres dégagent une douceur et un calme sans pareils. L’art de Damboise est d’un classicisme harmonieux. Une vingtaine de dessins complètent ces sculptures placides. On retiendra surtout « la Femme se tenant les seins », les marbres de « la Pensée », de « la Femme en marche » et celui de « la Coquine » (photo), tous trois magnifiquement dépouillés.
Galerie Malaquais. 19, quai Malaquais, 6 e. Tél. 01.42.86.04.75. Jusqu’au 10 janvier.
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