L'Ile-de-France, c'est un cinquantième du territoire national, un cinquième de la population et un tiers du PIB. C'est peu dire que l'activité économique y est intense.
Pour autant, la région n'est pas la plus menacée par les risques industriels du type de l'usine AZF de Toulouse. La raison : la dispersion des risques élevés en grande couronne, corrélée à une faible densité des usines en petite couronne. C'est ce qu'a souligné le préfet de région Jean-Pierre Duport, lors du débat sur les risques industriels en IDF.
Les 50 000 sites franciliens classés à risque pour l'environnement se répartissent en deux catégories. Ceux soumis à déclaration (45 000) et ceux, davantage à risques, soumis à autorisation (5 175). Parmi ces derniers, une centaine produisent ou détiennent des substances dangereuses et sont soumis à la directive Seveso-II. Le lieu le plus potentiellement dangereux : l'usine Gazechim à Mitry-Mory en Seine-et-Marne. Il s'agit d'un site de stockage de gaz liquéfié toxique. En cas d'explosion, les risques toxiques ayant des effets irréversibles concernent des milliers d'habitants. Pire, une gare et une école se trouvent dans le périmètre de risque d'effets mortels.
Il convient toutefois de relativiser le risque francilien. En décembre 2000, 51 installations Seveso-II ont été considérées comme comportant un risque très important. Cinquante et une sur 50 000 : la proportion reste faible.
Adapter les sites
Comment rendre l'environnement francilien encore plus sûr ? « Il faut tenir compte de l'ancienneté de l'implantation de la plupart des entreprises, estime Yves Cochet, ministre de l'Environnement. Au lieu d'éloigner les gens et de transformer les villes en no man's land, je crois plutôt qu'il faut que les sites s'adaptent, via une consolidation ou une réhabilitation. » L'objectif est de réduire la taille de la zone à risque. Cela pourra être, par exemple, la pose d'une jupe de béton autour d'une cuve de stockage d'hydrocarbures, moins chère que le déplacement de dix maisons. L'organisation des secours et la maîtrise de l'urbanisation doivent aussi subir quelques améliorations.
Autre axe à suivre : l'information et la participation du public. « C'est un facteur efficace de sécurité industrielle, non spécifique à l'Ile-de-France, a rappelé le ministre. Il faudra augmenter le nombre d'exercices grandeur nature, et améliorer les consignes de sécurité. » Un rapport national devrait être rendu d'ici à quelques jours, après le débat national du 11 décembre, à Paris.
Malgré le peu de temps qui lui reste, le ministre espère bien pouvoir faire passer un projet de loi avant les présidentielles.
La réduction des risques industriels est un problème qui dépasse nos simples frontières. Le 12 décembre prochain se tiendra un Conseil européen de l'environnement. Les parlementaires français visent deux objectifs : réduire le seuil toléré des nitrates d'ammonium et induire une réflexion nouvelle sur les gares de triage et les ports.
Des progrès dans la sécurité
« L'accident de Toulouse a été un catalyseur de sûreté. Aujourd'hui, on constate plein de progrès dans nos visites », a souligné Jean-Yves Le Déaut (PS), rapporteur de la commission d'enquête parlementaire sur les risques industriels, créée à la suite de l'explosion de l'usine AZF de Toulouse.
La commission s'était déplacée dans le Nord - Pas-de-Calais, région qui comprend 33 sites Seveso, où ses membres ont visité deux usines, Sollac-Dunkerque, filiale d'Usinor, et l'usine de produits chimiques PC de Loos, près de Lille. « Nous avons ici un très grand attachement des gens à leur entreprise. Cela empêche parfois de faire apparaître la dangerosité des sites », a noté le rapporteur.
La délégation a souligné la nécessité de développer les expertises indépendantes avec une implication des élus locaux et des associations, et de renforcer l'information à l'intérieur et l'extérieur des entreprises.
Le dimensionnement des PIG (périmètres de sûreté autour des sites), le renforcement des moyens de contrôle des DRIRE (directions régionales pour l'industrie, la recherche et l'environnement) et du fonctionnement des préfectures en cas de crise figureront également dans le rapport qui sera rendu au début février.
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