Les membres du collectif Plus jamais ça étaient venus nombreux pour se faire entendre. Dans l'espoir que le Premier ministre trancherait sur la question de l'avenir du pôle chimique de Toulouse plus tôt que prévu. En dépit des sifflements de contestation, Lionel Jospin a tenu tête et n'a pas modifié son calendrier.
« Comme je m'y suis engagé, le gouvernement arrêtera sa décision avant la fin de l'année. » Patience, donc. Le chef du gouvernement a insisté sur le fait qu'il ne voulait pas que Toulouse vienne « occulter » le vaste débat national.
Deux mois de réflexion, 26 tables rondes régionales, plus de 7 000 intervenants pour aboutir à une prise de conscience collective : sécurité et emploi sont difficiles à marier. Mais quant à trouver une issue politique au problème, c'est une autre paire de manches. Dans son discours, Lionel Jospin s'est contenté de reprendre les directives du ministre de l'Environnement, Yves Cochet. Lesquelles devraient inspirer le futur projet de loi prévu pour le début de 2002. En bref, il faut maîtriser le risque à la source et réduire les conséquences de l'accident, au cas où celui-ci surviendrait quand même.
« Il n'est plus possible, "après Toulouse", de raisonner comme avant sur le risque industriel. »
Lionel Jospin propose donc une nouvelle approche, « active, démocratique et responsable », « où l'improbable et l'incertain sont pris en compte ». Ainsi, les salariés disposeront d'un plus grand pouvoir de contrôle et d'alerte. Des comités locaux d'information et de prévention des risques industriels amélioreront le dialogue avec les habitants. Une charte pour la maîtrise du risque industriel devrait voir le jour. Son but : engager tous les acteurs concernés pour qu'ils s'entendent sur les principes de l'action collective.
Qui paiera ?
La conciliation entre urbanisme et industrie à risque était annoncée comme une des préoccupations majeures du gouvernement. Rappelant le drame de milliers de Toulousains qui ont perdu leur maison le 21 septembre dernier, le Premier ministre n'en a pas moins soutenu la possibilité de déplacer les habitants proches d'une usine, s'il subsistait un risque après la réhabilitation de cette usine. « Si nécessaire, on peut imaginer des travaux de renforcement des structures ou de confinement chez les particuliers (...) voire même (...) des dispositifs nouveaux permettant aux propriétaires de demander le rachat de leurs habitations. » Pas un mot sur l'autre solution, le déplacement des usines.
Pour racheter les maisons, il faut de nouveaux moyens juridiques, rappelle Marie-Noëlle Lienemann, secrétaire d'Etat au Logement. « L'idéal, c'est la décision à l'amiable. Mais dans certains cas, il faudra avoir recours aux déclarations d'utilité publique pour permettre l'expropriation. »
Et qui paiera ? Mutualisation du risque au niveau national ou bien paiement local, la question devrait être tranchée sous peu.
Le rapporteur de la commission d'enquête parlementaire, Jean-Yves Le Déault, pour sa part, a prévu de présenter ses conclusions le 20 janvier prochain.
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